Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

DOI Heft:
Nr. 6
DOI Artikel:
Gout, Paul: L' oeuvre de Viollet-le-Duc, 1
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0585

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
562

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

seule égala sa compétence. Et tout cela ne l’empêchait pas de tenir
chaque matin sa porte ouverte à ses amis, à ses confrères, aux artistes
de tout genre, aux entrepreneurs, aux industriels et aux inventeurs de
toutes sortes qui désiraient le consulter et qui recevaient ses avis, ses
conseils, appuyés souvent de croquis charmants et toujours d’observations
pleines de clarté et d’à-propos.

Le chef-d’œuvre littéraire de Yiollet-le-Duc est assurément son Dic-
tionnaire raisonné de VArchitecture française du xi“ au xvtc siècle. Ce
n’est pas seulement un répertoire d’archéologie et un inventaire des
richesses d’art dont noire territoire est couvert, mais encore et surtout
un vaste recueil où, après l’explication des termes architectoniques, l’au-
teur passe en revue les différents modes de construction, raisonne les
fonctions, discute l’emploi et examine les formes des divers membres
d’architecture. Dans sa préface, il expose les considérations qui l’ont
déterminé à entreprendre cet immense travail, que, grâce à sa facilité
exceptionnelle de description, d’analyse et de dessin, il parvint à ter-
miner en quatorze ans. Il parle tout d’abord des difficultés qu’il rencon-
tra en commençant à étudier l’architecture du moyen âge sans ouvrage
pour lui montrer la voie à suivre et sans maître pour l’y diriger. « II nous
souvient, dit-il, qu’alors un grand nombre de maîtres en architecture
n’admettaient qu’avec des réserves l’existence de ces monuments qui
couvrent le sol de l’Europe et de la France particulièrement. A peine
permettait-on l’étude de quelques édifices de la Renaissance française et
italienne ; quant à ceux qui avaient été construits depuis le Bas-Empire
jusqu’au xve siècle, on n’en parlait guère que pour les citer comme le
produit de l’ignorance et de la barbarie1. » Son esprit essentiellement
indépendant le préserva contre la contagion classique, et son penchant,
qui, dans son isolement, lui semblait être une sorte de dépravation de
goût peu avouable, devint, à son retour d’Italie, une conviction basée sur
les qualités solides de notre architecture nationale. Cependant des
hommes distingués venaient d’ouvrir la marche. Après M. de Caumont,

1. La citation suivante donnera une idée de l’esprit dans lequel est fait ce remar-
quable ouvrage :

Tome IV, page 213 : « On n’admettait, pendant le moyen âge pas plus que pendant
l’antiquité, qu’une grande salle et une petite chambre eussent la môme hauteur entre
planchers, qu’un couloir fût aussi élevé que les pièces qu’il est destiné à desservir. Il
a fallu des siècles de faux raisonnements en architecture pour oublier des principes si
vrais et pour nous obliger à vivre dans de grandes salles basses sous plafond, si
l'étage que nous occupons est bas, ou dans de petits cabinets démesurément élevés,
si nous possédons un étage ayant quatre ou cinq mètres entre planchers. »
 
Annotationen