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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 33.1886

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Mantz, Paul: Andrea Mantegna, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.19427#0015

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ANDREA MANTEGNA.

7

Andrea, deMantoue, s’ouvre une chapelle, assez petite et aujourd’hui
pauvrement meublée, où le visiteur aperçoit des fragments de
fresques devenues illisibles. Dans l’angle à gauche, un masque en
bronze, dont la puissante saillie donne d’abord l’illusion d’une ronde
bosse, apparaît dans un enroulement de rinceaux et de fleurs. A la
chevelure désordonnée du personnage s’emmêle le laurier des victo-
rieux. Ce médaillon, qui est presque un buste, est attribué par une
longue tradition à Sperandio. C’est le portrait de Mantegna. La
terrible apparition vous poursuit longtemps après qu’on a quitté
Mantoue. Dans ce bronze, bien digne du grand médailliste du xve siècle,
le peintre a l’air d’un lion fatigué, mais héroïque et capable encore
des résolutions les plus vaillantes. Tout respire l’intelligence dans
ce masque énergique et attristé, tout y révèle une volonté rebelle
aux lâches concessions.

Notre ami, M. Eugène Müntz, qui, dans l’intimité de ses intéres-
santes causeries, parle de Mantegna comme s’il l’avait connu, croit
savoir que le héros n’était pas complètement équilibré, et ce qu’il
dit, il l’imprime. « Grand esprit, petit caractère », a-t-il écrit1. Il
reste en effet de la main de Mantegna des papiers dont nous parlerons.
L’artiste n’a pas toujours été un voisin commode; il défendait son
jardin, et, chose grave, lorsque vers la fin de sa vie les mauvais
jours furent venus, il a eu le tort de demander çà et là de l’argent
et surtout de le demander dans des lettres autographes qui n’ont pas
toutes disparu. Mais que sont ces misères à côté des grandes vertus
intellectuelles que fait supposer le buste de Mantegna! En contem-
plant le bronze de Sperandio, on se croit en présence d’un maître
apte à toutes les victoires de la volonté.

Mais une physionomie, si parlante qu’elle soit, ne fait jamais de
confidences complètes; elle est parfois difficile à lire et, malgré la
valeur iconographique et l’éloquence du portrait qui nous a arrêté
un instant, le plus sage est de demander à Mantegna lui-même,
c’est-à-dire à son œuvre, le grand rêve qu’il avait dans l'àme.

Andrea Mantegna a passé la moitié de sa vie à Mantoue, il y est
mort, il a voulu y avoir son tombeau. Mais il venait d’un pays
meilleur pour les arts et plus glorieusement mêlé aux conquêtes de
la Renaissance. Il était né en 1431 2, près de Padoue, en un lieu qui

1. Les Précurseurs de lu Renaissance, 1882, p. 174.

2. Cette date, universellement acceptée, ne s’appuie sur aucun acte de l’état
civil. Elle résulte d’un calcul établi d’après une inscription qui figurait jadis sur un
tableau perdu et dont il sera parlé tout à l’heure.
 
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