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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 33.1886

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Prost, Bernard: Tassaert
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https://doi.org/10.11588/diglit.19427#0039

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TASSAERT.

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temps cle faire un retour sur le passé et de réparer les indifférences
injustes de nos prédécesseurs. Mais, au moment même où va s’ouvrir
une exposition, si tardive soit-elle, des œuvres de Tassaert, le reproche
serait immérité. Nous préférons admettre que, depuis trente ans
bientôt, il n’était peut-être pas très facile de se former, en pleine
connaissance de cause, une exacte appréciation d’ensemble sur l’œuvre
d’un peintre mort, il y a plus de dix ans, dans l’oubli, sans avoir
dépassé, de son vivant, une honorable moyenne de notoriété.

Tassaert s’est suicidé, dans la nuit du 21 au 22 avril 1874;
son dernier envoi au Salon remontait à 1857. Il ne peignait plus
depuis 1863, caché, à partir de ce moment, dans un taudis de la
barrière du Maine, presque aveugle, lassé de l’existence, reniant
son nom et blasphémant l’art, tout en prévoyant amèrement « le
bacchanal», disait-il, qui se ferait après lui autour de ses tableaux. Un
mois avant son suicide, — on le croyait enterré depuis longtemps, —
il y eut bien la vente Davin, qui commença à le classer dans les hauts
prix à l’hôtel Drouot. Quelques semaines plus tard, à la nouvelle de sa
mort, la presse retentit pendant quarante-huit heures de ses éloges
posthumes. Mais M. Arsène Houssaye eut beau lui consacrer, dans
T Artiste, un émouvant panégyrique; Théophile Silvestre eut beau
réclamer hardiment une exposition immédiate de ses œuvres à l’École
des beaux-arts, en déclarant que la France venait de perdre « un grand
artiste... un artiste d’avant-garde de l’art moderne, resté, par son
savoir, fidèle à la grande tradition magistrale, et l’esprit ouvert à tous
les souffles novateurs, un peintre trois fois plus peintre à lui tout
seul que les trois quarts de l’Institut, du jury et de l’Ecole des beaux-
arts » ; M. Ernest Chesneau eut beau constater aussi que « Tassaert
est au nombre des .huit ou dix artistes de ce siècle dont la postérité
recueillera précieusement les œuvres aujourd’hui dédaignées, pour
les accrocher dans ses Louvres, alors qu’elle n’aura ni cure ni souci
des favoris actuels de la fortune »; en dépit de ces louanges, un peu
tard venues, en dépit du culte conservé pour Tassaert par ses anciens
et fidèles admirateurs, M. Alexandre Dumas fils en tête, l’oubli qui
avait entouré l’artiste à la fin de sa vie se fit de nouveau sur sa tombe.
En 1878, il y eut bien encore, à l’Exposition rétrospective des maîtres
modernes, organisée dans les galeries Durand-Ruel, dix-sept toiles de
Tassaert, — quatorze entre autres de la collection de M. Alexandre
Dumas fils, — qui permirent de l’apprécier à sa valeur en regard des
Delacroix, des Corot, des Courbet, des Millet, des Théodore Rousseau,
des Huet, des Troyon, des Cliintreuil, des Daubigny, des Ricard et des
 
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