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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 33.1886

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Prost, Bernard: Tassaert
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https://doi.org/10.11588/diglit.19427#0040

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30

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Diaz. Il y eut bien enfin, en 1878, la vente Laurent-Richard qui
acheva de le coter à l’hôtel Drouot et fournit à la Gazette des beaux-arts
l’occasion de lui rendre justice entière Mais nous sommes déjà loin
de 1874, loin même de 1878, et, depuis, il n’a pas été donné à chacun
de faire connaissance avec les quinze Tassaert de la galerie Bruyas au
Musée de Montpellier, avec les quarante et quelques de M. Alexandre
Dumas fils, avec les cent autres disséminés dans les collections parti-
culières de Paris, de la province et de l’étranger. Aussi n’y a-t-il pas
lieu de s’étonner outre mesure que Tassaert soit actuellement si peu
connu.

Qu’il le soit si mal, surtout, il n’y a rien là encore qui soit bien
surprenant. Parmi ses contemporains, les littérateurs les plus en vue,
les critiques d’art les plus à la mode, les partisans même les plus
décidés de son talent semblent, à quelques exceptions près, s’être
donné le mot pour fausser de bonne heure, sur son compte, le juge-
ment de l’avenir; sciemment ou non, ils s’obstinèrent à ne voir, à ne
vanter en lui, que le peintre attitré des drames ou des élégies de la
misère, des familles malheureuses, des suicides en commun sous les
toits, des mères mourantes, des enfants malades, des orphelins
grelottants, par la neige, au seuil d’une chaumière abandonnée, des
filles séduites, plus ou moins repentantes, venant implorer le pardon
maternel, etc., — défilé attristant, dix fois recommencé, où pour s’y
reconnaître on aurait besoin du fil de cette Ariane que, dans une
autre manière, il a si amoureusement interprétée.

Dès 1834, le critique du Journal des débats, Delécluze, et, l’année
suivante, Louis Yiardot, rapprochaient déjà son genre de celui de
Prud’hon ; Michelet qui, en 1844, présageait dans Tassaert un « grand
peintre », saluait en lui, aux approches de 1848, l’apparition d’un
« Corrège de la souffrance »; Charles Blanc le proclamait, de son
côté, « le Prud’hon des pauvres » et, par la suite, « un bâtard aimable
du Corrège »; Théophile Gautier, « le Corrège de la mansarde »;
Paul de Saint-Victor, « un Prud’hon faubourien »; les décadents de
l’époque célébraient son interprétation idéale des Lisette, des Jenny
l’ouvrière et des Mimi Pinson. On conçoit qu’agacé à la fin de cette
monotonie dans l’éloge, comme autrefois T Athénien fatigué d’entendre
toujours appeler Aristide le Juste, on conçoit qu’Edmond About lui
ait, un jour, décoché l’épithète de « peintre rabat-joie ». Bref, il y a
vingt ou trente ans, quand on avait prononcé les noms de Greuze, de

[. Yoj. l’article de M. Alfred de Lostalot, 2e période, t. XVII, p. 471-472
 
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