Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 33.1886

DOI issue:
Nr. 1
DOI article:
Gonse, Louis: La fleur des belles épées: l'épée de César Borgia
DOI Page / Citation link: 
https://doi.org/10.11588/diglit.19427#0060

DWork-Logo
Overview
loading ...
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
50

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

la reine des armes de parement : l’Epée de César Borgia, duc de
Valentinois, qui appartient aujourd’hui au chef de la famille des
Gaetani, le duc de Sermoneta. C’est un monument d’histoire et d’art
de premier ordre. Il n’avait jamais été reproduit. Les éditeurs de
M. de Beaumont ont bien voulu mettre à la disposition de la Gazette
une planche, réduite à son format, qui donnera l’idée la plus exacte
du travail de la poignée.

« La monture de cette admirable épée, dit M. de Beaumont, est
de cuivre doré, relevé de filets d'argent formant de petits rinceaux
fleuronnés. Le fond sur lequel ils s’enroulent en ferme saillie est
chargé d’émail translucide, disposé alternativement par taches bleu
d’azur et vert clair. Le centre du pommeau présente, dans une petite
rosace, émaillée de ces deux couleurs, cinq points d’émail rouge
rangés en cercle.

« La longueur totale de cette arme souveraine est de lm025, depuis
le sommet du pommeau jusqu’à l’extrémité de la lame, dont la partie
supérieure est, aux deux faces et sur une étendue de 27 centimètres,
finement gravée et dorée. Ces gravures, dessinées pour être regardées
la lame tenue la pointe en l’air, représentent au-dessus de cette
signature : O pus Hero (ou Herc), des emblèmes et des sujets de person-
nages à l’antique, surmontés d’un grand monogramme de César et des
abréviations suivantes : Ces. Borg. Car. Valent. — c’est-à-dire César
Borgia, cardinal de Valence. A cet ensemble, s’ajoutent les locutions
latines : Jacta est aléa. —Cum nomine Cœsaris, amen. —F ides prævalet
armis. — et ces deux mots de sens incorrect : Bene nièrent...

« Sil’onsongeàla considérable importancedecefilsd’AlexandreVI,
de ce César Borgia bien trop aimé de sa sœur Lucrèce; si l’on se
figure ce somptueux dont les chevaux de main étaient, aux fêtes de
Chinon, ferrés d’or massif, on comprendra que son épée de parement,
faite pour flatter son orgueil, représente à elle seule la perfection
comme ouvrage italien de la fin du xve siècle.

« L’abbé Galiani, dans ses Lettres à madame d’Épinay (Naples,
2 octobre 1773), s’exprime en ces termes au sujet de César Borgia et
de cette épée : << Puisque, dit-il, vous avez Brantôme, ma belle dame,

« voici de quoi il s’agit : je possède une pièce fort curieuse, c’est
« Vépée de César Borgia, duc de Valentinois, fils du pape Alexandre VI,

« qu’il fit travailler exprès avec des emblèmes allusifs à sa grandeur
« future et à son ambition. Il est superflu de vous conter comment,

« par quels détours, cette épée est tombée entre mes mains. Je voulais
« en faire un présent lucratif au pape et, selon mon usage, l’accom-
 
Annotationen