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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 33.1886

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Lostalot, Alfred de: Revue musicale
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https://doi.org/10.11588/diglit.19427#0080

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68

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

musicien. L’action se passe dans une salle du palais d’Hérode à Jérusalem.
Quelques mesures d’introduction, et un chœur rempli d’allure et du rythme
le plus franc se fait entendre : Des « seigneurs juifs et romains » — c’est le
livret qui parle — chantent, la coupe en main. Cléophas, traître à sa patrie,
raille les malheurs de Sion et fraternise avec ses oppresseurs. Ce solo de
ténor n’a pas la même valeur que ce qui va suivre. Au dehors, des voix de
femmes chantent la prière du soir, et appellent la bénédiction de Dieu sur
leurs enfants; tout ce que Ton peut regretter ici, c’est que le musicien n’ait
pas donné plus de développement à son idée, car elle était excellente.

La scène qui suit s’ouvre par un aimable ballet de Galiléennes composé
de trois morceaux : cette page de musique orientale, charmante et pleine
d’originalité, a été vivement applaudie. Le compositeur y a mis en œuvre
toutes les richesses de l’orchestration moderne, et aussi toutes les curio-
sités. Cependant ltossini, qui vécut en un temps où ces parures n’étaient
pas de mise, ne serait nullement tenté de regretter son argent, comme
'e disait un des auditeurs du Conservatoire, car son vœu y est pleinement
rempli : la mélodie coule à pleins bords. Un délicieux concert de flûtes,
de hautbois, de harpes et de cors, se joue autour de l’idée largement
exprimée par un tutti des cordes que les exclamations admiratives des
« seigneurs juifs et romains » viennent scander de temps à autre. Ilérode
fait son entrée sur les dernières mesures du chant. Le roi est sombre et
déjà saisi par le remords; car, sur la foi des mages qui lui ont annoncé la
naissance du Messie, sentant que son règne va finir, il vient d’ordonner le
massacre de tous les enfants mâles. A ce moment un grand tumulte d’armes
mêlé à des cris de désespoir se fait entendre au dehors. Ilérode, au comble de
l’égarement, enjoint aux courtisans épouvantés de reprendre leurs chants,
et les deux orgies de vin et de sang se mêlent en un bruyant concert. Le
morceau est fort bien réglé et d’un beau sentiment dramatique.

Méryane, la femme d’Hérode, paraît sur ces entrefaites; elle vient d’être
témoin du massacre; son époux l’apaise et la rassure en lui répétant que
ses enfants seront rois, puis leurs deux voix s’unissent en un duo passionné
qui a été salué des plus vifs applaudissements et redemandé par tous les
assistants. Cette belle inspiration, conduite avec un art accompli dans la
manière moderne, dont M. Gounod a été le créateur, est considérée par
beaucoup de critiques comme la meilleure page de cette courte partition;
nous lui préférons cependant le ballet des Galiléennes qui nous a semblé à
la fois plus original et plus finement travaillé.

Je n’aime pas beaucoup la contexture de la malédiction que Rachel, une
des mères juives, vient proférer contre le bourreau de ses enfants; cependant
la péroraison, avec l’ensemble des voix et de l’orchestre, est d’une sonorité
éclatante et produit un excellent effet. Aux imprécations de Méryane se
joignent bientôt les malédictions de tous les assistants, puis la tempête
s’apaise et Ton entend des voix d’en haut annonçant qu’IIérode sera châtié
de son crime inutile : l’Enfant Jésus est sauvé.

Ce chœur final, d’une douceur pénétrante, n’a que quelques mesures;
comme certaines bonnes choses de la partition, il a paru un peu court. Mais
il est évident que M. W. Chaumet a voulu respecter entièrement le poème
 
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