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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 33.1886

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Lostalot, Alfred de: Revue musicale
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https://doi.org/10.11588/diglit.19427#0081

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REVUE MUSICALE.

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de son collaborateur qui est net et concis; cette discrétion est des plus
louables; elle rehausse son talent d’une qualité bien rare à notre époque, la
tendance du jour étant, sous prétexte d’amplifier l’idée mélodique, de la
triturer jusqu’à ce qu’elle tombe en déliquescence.

L’orchestre et les chœurs du Conservatoire ont été au-dessus de tout
éloge; quant aux solistes, la palme revient à Maurel et à M110 Reggiani,
puisqu’ils ont fait bisser leur grand duo. Le ténor Escalaïs a donné quelques
belles notes et Mme Salla s’est correctement acquittée du rôle ingrat et difficile
de Rachel : avec un réel talent, cette cantatrice n’a pas d’action sur le public;
la direction de l’Opéra doit en savoir quelque chose.

Et maintenant, devons-nous croire que le succès de M. W. Chaumet sera
sans lendemain? Ne trouvera-t-il pas un théâtre ou une salle de concert
pour faire exécuter son œuvre charmante, une œuvre qui a fait ses preuves
devant le public? Je sais bien que le nom de Rossini n’est plus une recom-
mandation, mais en vérité ce nom ne se rattache que très indirectement
à l’ouvrage de M. Chaumet. Il n’y a pas trace de musique rossinienne dans
Hérocle : la mélodie y est abondante et bien frappée, mais l’auteur n’a pas
découpé ses idées sur le patron des cavatines italiennes. On peut donc nous
faire entendre cette courte partition; nous l’écouterons avec plaisir et...
sans honte.

On avait prétendu de divers côtés que M. Carvalho renonçait à monter
le chef-d’œuvre de Wagner, Lohengrin. Il n’en est rien, et nous nous en
réjouissons pour notre compte, en amateur égoïste qui prend son plaisir où
il le trouve. Mais M. Carvalho a pris la mouche de tous ces on-dit, et il
écrit à un journal :

« Je voudrais, à ce propos, qu’on me donnât une bonne raison pour me
prouver que je ne dois pas jouer Lohengrin à l’Opéra-Comique, quand tous
les dimanches on fait entendre la musique de Wagner dans des concerts
subventionnés, comme l’Opéra-Comique, par l’État, et qu’on a même pu
l’exécuter à la Société des concerts du Conservatoire national de musique. »

La bonne raison queréclameM. Carvalho, on pourrait peut-êtrela trouver,
sans grand effort de recherches. Le théâtre de l’Opéra-Comique est subven-
tionné par l’État pour encourager la représentation d’opéras-comiques, genre
réputé « éminemment national ». Lohengrin n’est pas un opéra-comique, il est
encore moins national, donc... Cette bonne raison tombe, il est vrai, devant
ce fait que le genre « éminemment français » n’a plus d’adhérents parmi les
compositeurs de marque. Faut-il donc condamner le théâtre de M. Carvalho
à mourir d’inanition? Du moment où ce théâtre n’a plus de destination
spéciale, nous ne voyons pas de quel droit on prétendrait lui imposer des
ouvrages exclusivement français, alors que l’Opéra est libre de ses allures
et qu’il va peut-être nous faire entendre Iago, le dernier ouvrage du maître
italien Verdi.

ALFRED DE LOSTALOT.
 
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