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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 33.1886

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Nr. 2
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Gueullette, Charles: Le portrait de Mme. Jarre par Prud'hon, au Louvre
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https://doi.org/10.11588/diglit.19427#0120

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10-4

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

carré de l’Ecole française, entre la Vengeance divine poursuivant le
Crime et le Retour de Marcus Sexius.

Comme personnalité, Mnie Jarre n’offre rien de saillant sinon sa
passion folle pour le ténor Elleviou, son second mari. Alla-t-elle,
ainsi qu’on le prétend, jusqu’à le faire exhumer après sa mort pour
contempler une dernière fois ses traits dans la tombe? Ce que, du
moins, nous pouvons affirmer, c’est que Mrae Jarre professa pour
Elleviou un culte que son premier mari avait été loin de lui inspirer.
Toutefois, quand elle devint veuve de celui-ci, elle ne faillit point au
respect dû à sa mémoire et, c’est pour se conformer à ses intentions
dernières, qu’elle fit présent à l’État du tableau de Prud’hon, bien
que le défunt n’eût rien spécifié par écrit à cet égard.

La lettre de Mme Jarre à M. de Cailleux, alors directeur des Musées
royaux, est du 13 mai 1846; en voici le contenu :

« Mon mari m’a toujours manifesté la résolution de faire hommage
au Musée royal d’un ouvrage de Prud’hon (mon portrait).

« Mon mari a été surpris par la mort et n’a pu dicter ses dernières
volontés. Héritière du tableau qu’il destinait au Musée, je m’empresse
d’accomplir ce vœu, et vous prie de vouloir bien me faire connaître
comment et quand je puis vous l’adresser. »

Ce fut seulement trois mois plus tard, c’est-à-dire le 3 juillet 1846,
queM. de Cailleux adressa au surintendant général le rapport suivant,
qui, pour être rédigé dans un style bien froid et tout administratif,
n’en est pas moins utile à consulter... « Cet ouvrage est dans un bon
état de conservation, quoiqu’ayant poussé au noir dans certaines
parties, surtout sur le col. Il ne peut que faire honneur au talent de
l’artiste et, par son mérite, sa place est naturellement indiquée au
milieu des ouvrages distingués dans ce genre, qui font partie de
l’École française. J’ai l’honneur de prier monsieur l’Intendant général
d’autoriser la direction des Musées à recevoir le portrait fait par
Prud’hon et offert par Mme Jarre. »

Les conclusions de M. de Cailleux furent adoptées, le même jour,
par M. de Montalivet; Mmc Jarre, conformément à la tradition, reçut
un vase de Sèvres en remerciement de son cadeau, et son portrait fut
installé au Louvre oû nous le retrouvons catalogué sous le n° 460
(Figure en buste; grandeur naturelle; toile, 65 centimètres sur 55).

Vue presque de face, Mme Jarre porte sur la tête une couronne de
coquelicots et de marguerites; sa robe blanche, décolletée, est rayée
de petites bandes d’or, les bras sont nus; un cachemire rouge est jeté
sur ses épaules.
 
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