DOI Heft:
Nr. 2
DOI Artikel:Gueullette, Charles: Le portrait de Mme. Jarre par Prud'hon, au Louvre
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.19427#0121
LE PORTRAIT DE Mme JARRE.
103
Le portrait, peint avec la sobriété de détails qui distingue le
maître, est bien posé, harmonieux d’ensemble, plein de vie, déli-
cieux de finesse et d’expression; les yeux et la bouche sont particu-
lièrement admirables. Il est déplorable que le temps lui ait infligé
d’irréparables dommages.
Prud’hon, dans la dernière période de sa carrière, abusait des
glacis et exagérait l’emploi des bitumes. Or, il arrive souvent que les
dessous, reparaissant à travers ces glacis, noircissent peu à peu les
ombres et dénaturent la valeur des tons primitifs. C’est ce que nous
constatons dans le portrait de Mme Jarre, dont une partie du visage,
seule, a conservé sa transparence de chairs, son moelleux de con-
tours et son charme de coloris. Pour le reste, l'influence des années
a été funeste : le bas des joues, le cou, la poitrine, sont marqués de
larges taches noires et, sous le menton, s’allonge comme une traînée
de charbon ’. Le mal est sans remède, suivant nous, car on ne sau-
rait pratiquer des repeints sur une œuvre de Prud’hon à moins d’en
altérer le caractère et, par conséquent, de la détériorer. Conservons
donc notre tableau dans l’état où il se trouve, sans songer à des
retouches impossibles. Tel que nous le possédons, d’ailleurs, il est
encore tout à fait digne du grand maître qui l’a exécuté. C’est un des
chefs-d’œuvre de l’Ecole française.
En terminant cette courte note sur le portrait de Mme Jarre,
n’omettons pas de dire qu’il en existe : 1° une esquisse de même
dimension chez M. Jadin; 2° deux croquis au crayon noir rehaussé
de blanc, dont l’un est échu à Mme Guilluy, fille de Mmc Jarre; 3° une
lithographie, non signée, mais qui, de toute évidence, est l’œuvre de
Prud’hon. M. Eudoxe Marcille nous en a montré une des très rares
épreuves.
CHARLES GUEULLETTE.
i. Ces défauts sont sensiblement atténués dans notre gravure. M. Ardail a
reconstitué avec beaucoup de talent l’ensemble du tableau ; son estampe contribuera
pour une large part à perpétuer le souvenir d’une œuvre célèbre qui est fatalement
destinée à périr dans peu d’années (n. d. l. r.).
xxxiii. — 2e PÉRIODE.
14
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Le portrait, peint avec la sobriété de détails qui distingue le
maître, est bien posé, harmonieux d’ensemble, plein de vie, déli-
cieux de finesse et d’expression; les yeux et la bouche sont particu-
lièrement admirables. Il est déplorable que le temps lui ait infligé
d’irréparables dommages.
Prud’hon, dans la dernière période de sa carrière, abusait des
glacis et exagérait l’emploi des bitumes. Or, il arrive souvent que les
dessous, reparaissant à travers ces glacis, noircissent peu à peu les
ombres et dénaturent la valeur des tons primitifs. C’est ce que nous
constatons dans le portrait de Mme Jarre, dont une partie du visage,
seule, a conservé sa transparence de chairs, son moelleux de con-
tours et son charme de coloris. Pour le reste, l'influence des années
a été funeste : le bas des joues, le cou, la poitrine, sont marqués de
larges taches noires et, sous le menton, s’allonge comme une traînée
de charbon ’. Le mal est sans remède, suivant nous, car on ne sau-
rait pratiquer des repeints sur une œuvre de Prud’hon à moins d’en
altérer le caractère et, par conséquent, de la détériorer. Conservons
donc notre tableau dans l’état où il se trouve, sans songer à des
retouches impossibles. Tel que nous le possédons, d’ailleurs, il est
encore tout à fait digne du grand maître qui l’a exécuté. C’est un des
chefs-d’œuvre de l’Ecole française.
En terminant cette courte note sur le portrait de Mme Jarre,
n’omettons pas de dire qu’il en existe : 1° une esquisse de même
dimension chez M. Jadin; 2° deux croquis au crayon noir rehaussé
de blanc, dont l’un est échu à Mme Guilluy, fille de Mmc Jarre; 3° une
lithographie, non signée, mais qui, de toute évidence, est l’œuvre de
Prud’hon. M. Eudoxe Marcille nous en a montré une des très rares
épreuves.
CHARLES GUEULLETTE.
i. Ces défauts sont sensiblement atténués dans notre gravure. M. Ardail a
reconstitué avec beaucoup de talent l’ensemble du tableau ; son estampe contribuera
pour une large part à perpétuer le souvenir d’une œuvre célèbre qui est fatalement
destinée à périr dans peu d’années (n. d. l. r.).
xxxiii. — 2e PÉRIODE.
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