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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 33.1886

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Nr. 2
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Darcel, Alfred: La collection Charles Stein, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.19427#0125

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LA COLLECTION STEIN.

109

Les musées l’ont accaparé et souvent il est encombrant. Puis, comme
un gentilhomme qui serait dépaysé dans la tourbe des vilains, sa
sévérité s’accommode mal aux délicatesses des arts secondaires. Il
devient aimable parfois, cependant, s’il ne rit jamais, et c’est alors
qu’il peut entrer dans nos maisons.

Ainsi, c’est sous la forme d’une statuette de la Vierge, debout,
qui offre en souriant une branche de chêne à l’Enfant Jésus posé sur
son bras, qu’il se présente tout d’abord à nous dans le cabinet de
M. Ch. Stein. Œuvre italienne du xive siècle, conçue dans le style
intermédiaire entre l’imitation de l’antique de Nicolà Pisano et le
sentiment gothique qu’Andrea Pisano nous semble avoir importé en
Italie, avec un caractère moins franc, mais plus sobre dans le jet
de ses draperies, que notre art contemporain, art qui cherche l’élé-
gance dans l’allongement des figures, tandis que le Maître poursui-
vait la force dans leur raccourcissement, mais qui a méconnu l’exacte
proportion des dessous.

Trois statuettes, debout sur le même socle, pleureurs revêtus de
la même houppelande que l’on connaît, à la tète encapuchonnée, mais
montrant leur visage, doivent provenir de quelque tombeau analogue
à celui du duc de Berry ou des ducs de Bourgogne : de ces derniers
surtout, si l’on peut reconnaître les célèbres briquets peints comme
ornements sur leur socle. Les visages sont coloriés et des traces de
dorure se voient sur leur barbe et sur les parements des houppe-
landes.

Une tête de jeune femme, posée de trois quarts sur les épaules,
qu’à son voile et à son ajustement nous supposerons représenter
la AUerge plutôt que sainte Catherine de Sienne, qui devrait porter
l’habit des dominicaines si cette effigie était la sienne, sorte de
compromis entre la ronde bosse et le bas-relief, nous ramène à
l’art italien des quattrocentistes. La physionomie générale de l’œuvre
et une certaine sécheresse dans son exécution nous font croire qu’elle
est sortie de l’atelier d’un imitateur de Mino de Fiesole 1.

C’est à l’École champenoise du xvie siècle qu’on doit attribuer
une statue de demi-nature représentant saint Jean-Baptiste ajustant
sur ses épaules son manteau de peau, par un mouvement analogue,
mais certainement moins gracieux, à celui de la Diane de Gabies, tandis
que l’agneau grimpe contre ses jambes. La figure manque de calme et

1. Celle opinion est aussi celle que M. L. Courajod a développée dans un extrait
des « Mémoires de la Société des antiquaires de France » intitulé : le Portrait de
sainte Catherine de Sienne, Paris, 1883.
 
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