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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 33.1886

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Nr. 2
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Darcel, Alfred: La collection Charles Stein, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.19427#0126

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

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même est tourmentée, mais elle est taillée dans le marbre par un
maître ouvrier. Les bras et lesjambes amaigris du prophète sont d’une
sûreté et d’une souplesse de modelé extraordinaires ainsi que les
draperies creusées en plis plus profonds qu’il ne conviendrait à leur
nature. Le masque, d’où descend une barbe longue et fourchue, digne
de celle de Moïse, court et carré, manque un peu de caractère, mais
l’ensemble nous fait songer aux maîtres peu connus qui ont doté
quelques églises de Troyes d’œuvres si énergiques et si remarquables.

Enfin, un bas-relief dont l’ovale encadre une figure nue, Y Abon-
dance, debout, courte de buste et longue de jambes, nous rappelle l’art
charmant mais un peu maniéré de Jean Goujon.

Ivoires. •— L’ivoire le plus ancien est en même temps un des plus
intéressants parce qu’il témoigne de traditions païennes qui ont plus
longtemps persévéré dans l’imagerie chrétienne qu’on ne serait tenté
de le supposer. Il représente le Baptême du Christ. Le Jourdain y est
personnifié, comme dans les deux mosaïques des baptistères de Ra-
venne, par une figure d’homme « appuyé sur son urne qui penche ».
On y voit aussi le Soleil et la Lune, qui n’ont que faire ici, et que le
tailleur d’ivoire a empruntés à la scène de la Crucifixion où ils sont
de règle. Le Christ y est encore imberbe, suivant la mode des sarco-
phages chrétiens, mais absolument nu, sans que sa nudité soit voilée
par des eaux complaisantes; par contre, saint Jean - Baptiste est
absolument drapé à l’antique et plus vieux que de raison. Son type
juif, bien particulier, rapproche cet ivoire de la belle reliure qui est
passée, de la collection Soltykoff, dans le musée de South-Kensington,
laquelle a sa réplique au Musée du Vatican.

La plaque qui nous occupe étant légèrement cylindrique, on serait
tenté de la classer parmi celles qui manquent au trône de la cathé-
drale de Ravenne, si la belle patine d’un brun roux qui la revêt, et
qui provient peut-être d’une ancienne teinture en pourpre, ne s’y
opposait en même temps que le style. Les ivoires de Ravenne sont
du vie siècle; celui du Baptême du Christ nous paraît de date posté-
rieure.

A côté d’un coffret plat, du vme au ixe siècle, formé de plaques
d’ivoire représentant des courses de chars et des combats, montées
dans des frises d’os sculptées de médaillons et de rosaces, nous cite-
rons une plaque destinée à garnir un coffret analogue. La création
d’Adam et la création d’Ève y encadrent la mort d’Abel qu’expliquent
dos inscriptions grecques. A la même époque, mais à un art plus
 
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