LA COLLECTION STEIN.
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occidental, appartient une autre plaque remarquable par sa patine
rouge, représentant Jésus guérissant le paralytique. Nous y noterons
une simple béquille munie d’une lanière latérale où un estropié a
passé son genou.
Sans les cottes de mailles qui revêtent les trois soldats endormis
à côté du sépulcre, sur une plaque représentant l’Ange de la Résur-
rection, on croirait cet ivoire plus ancien qu’il n’est réellement tant
la tradition antique s’est perpétuée jusqu’au xe et au xi° siècle.
C’est à quelque atelier du Nord que nous devons attribuer la figure
de saint Jean l’Evangéliste taillée dans un os de baleine par une main
barbare qui a eu besoin d’y inscrire cette fin de vers : Verbo petit
astra Ioannes, empruntée à quelqu’un des nombreux vers léonins qui,
dans les Evangéliaires carolingiens, spécifient chacun des Evangé-
listes.
La bizarrerie de l’architecture nous engage encore à attribuer à
quelque atelier anglo-saxon du xie siècle quatre plaques représentant
chacune un Evangéliste assis, suivant la tradition, devant un pupitre,
dans un encadrement de larges filets qui dessinent des arcs en zig-
zags sur un fond couvert de tiges sinueuses à feuillages de style
oriental. Deux mains différentes ont certainement exécuté ces quatre
plaques destinées à former un ensemble; car les deux figures de saint
Mathieu et de saint Marc sont très supérieures aux deux autres par
la souplesse du modelé. Des inscriptions latines rattachent d’ailleurs
ces ivoires aux Ecoles d’Occident.
Un nœud de crosse qui représente des lions et des griffons d’un
dessin très énergique, enlacés dans des tiges sinueuses, peuvent
figurer, pour les symbolistes à outrance, le combat des vertus et des
vices, le griffon jouissant d’une assez mauvaise réputation dans les
bestiaires du moyen âge. Quel dommage que ce nœud ne soit plus
surmonté du crosseron qui le surmontait au xne siècle!
A la même époque appartient une statuette de la Vierge assise
dans une attitude hiératique, dont la tête est très développée suivant
une pratique presque constante pendant la période romane. Son siège,
supporté par des arcs en plein cintre à colonnes trapues, dont les
montants postérieurs sont amortis par des animaux, donne de pré-
cieuses indications pour l’histoire de l'ameublement. Une cavité,
creusée à la partie postérieure, montre que cette statuette servait
de reliquaire.
Il en était de même du siège en orfèvrerie de cuivre de la grande
et magnifique Arierge dont la gravure accompagne ces lignes; ce qui
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occidental, appartient une autre plaque remarquable par sa patine
rouge, représentant Jésus guérissant le paralytique. Nous y noterons
une simple béquille munie d’une lanière latérale où un estropié a
passé son genou.
Sans les cottes de mailles qui revêtent les trois soldats endormis
à côté du sépulcre, sur une plaque représentant l’Ange de la Résur-
rection, on croirait cet ivoire plus ancien qu’il n’est réellement tant
la tradition antique s’est perpétuée jusqu’au xe et au xi° siècle.
C’est à quelque atelier du Nord que nous devons attribuer la figure
de saint Jean l’Evangéliste taillée dans un os de baleine par une main
barbare qui a eu besoin d’y inscrire cette fin de vers : Verbo petit
astra Ioannes, empruntée à quelqu’un des nombreux vers léonins qui,
dans les Evangéliaires carolingiens, spécifient chacun des Evangé-
listes.
La bizarrerie de l’architecture nous engage encore à attribuer à
quelque atelier anglo-saxon du xie siècle quatre plaques représentant
chacune un Evangéliste assis, suivant la tradition, devant un pupitre,
dans un encadrement de larges filets qui dessinent des arcs en zig-
zags sur un fond couvert de tiges sinueuses à feuillages de style
oriental. Deux mains différentes ont certainement exécuté ces quatre
plaques destinées à former un ensemble; car les deux figures de saint
Mathieu et de saint Marc sont très supérieures aux deux autres par
la souplesse du modelé. Des inscriptions latines rattachent d’ailleurs
ces ivoires aux Ecoles d’Occident.
Un nœud de crosse qui représente des lions et des griffons d’un
dessin très énergique, enlacés dans des tiges sinueuses, peuvent
figurer, pour les symbolistes à outrance, le combat des vertus et des
vices, le griffon jouissant d’une assez mauvaise réputation dans les
bestiaires du moyen âge. Quel dommage que ce nœud ne soit plus
surmonté du crosseron qui le surmontait au xne siècle!
A la même époque appartient une statuette de la Vierge assise
dans une attitude hiératique, dont la tête est très développée suivant
une pratique presque constante pendant la période romane. Son siège,
supporté par des arcs en plein cintre à colonnes trapues, dont les
montants postérieurs sont amortis par des animaux, donne de pré-
cieuses indications pour l’histoire de l'ameublement. Une cavité,
creusée à la partie postérieure, montre que cette statuette servait
de reliquaire.
Il en était de même du siège en orfèvrerie de cuivre de la grande
et magnifique Arierge dont la gravure accompagne ces lignes; ce qui