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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 33.1886

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Nr. 2
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Lecoy de La Marche, Albert: L' art d'enluminer, 3: manuel technique du quartorzième siècle
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https://doi.org/10.11588/diglit.19427#0165

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L’ART D’ENLUMINER.

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surface du dessin, s’il y avait lieu et, comme on vient de le voir,
avec une teinte un peu pâle, mélangée de céruse; c’est ce qu’on
appelait investir ou recouvrir le champ, et le mot champier, qui se
rencontre souvent dans d’autres textes, avait une signification
analogue. Sur ce champ coloré, le pinceau revenait pour tracer, dans
une nuance différente, d’autres dessins, des détails quelconques
(profilare profilâturœ), et aussi pour réinvestir ou pour renforcer la
nuance du fond. Enfin il restait à mettre les ombres (umbrare) à l’aide
de tons plus foncés, sans mélange, ou avec une couleur spéciale,
comme le violet de tournesol ou la rosette sans corps h L’azur lui-
même s’ombrait avec cette dernière, qui, paraît-il avait l’avantage
de ne pas altérer les nuances. L’or mussif et le giallolino s’ombraient
avec une combinaison de rosette et de safran'; le vert des feuilles, avec
des verts plus sombres, comme le vert d’iris ou le vert de prunelle,
employés complètement purs 1 2 *.

Mais il y avait, dans la tâche du miniaturiste, une partie plus
délicate que les autres; c’est celle qui consistait à peindre les chairs,
et spécialement les visages (incarnare). En pareille matière, il était
difficile de tracer des règles fixes ; le talent individuel devait jouer
le rôle principal. Cependant notre professeur, sentant toute l’impor-
tance du sujet, le traite avec une complaisance particulière. En
général, dit-il, le visage et les membres se recouvrent d’abord d’une
couche de terre verte fortement atténuée par une large dose de
céruse; ensuite les détails peuvent être repassés (reinveniri) avec la
terrette, dont il a été question plus haut; puis il faut clarifier ou
relever (elevare) les places lumineuses au moyen de la céruse légère-
ment verdie, comme font les peintres sur leurs tableaux, et rendre les
tons plus colorés des chairs en promenant très légèrement aux places
ombrées un pinceau trempé dans le vermillon et le blanc; enfin l’on
passe sur l’ensemble de la carnation une dernière couche, très liquide,
composée de blanc plus ou moins teinté de rouge, ou même de blanc
pur, suivant le teint que l’on veut donner, en ayant soin d’appuyer
davantage sur les relevés. Si cependant les figures sont trop petites,

1. Nos 12, 13, 26, 20. Il y a une certaine analogie entre le procédé indiqué ici
et celui que M. Bordier a constaté chez les miniaturistes grecs, lesquels couvraient
d’abord la surface de leur sujet d’une couche épaisse en teinte neutre ou en couleur
verdâtre, pour tracer ensuite, par-dessus, les ombres, les relevés, les détails. Seule-
ment ils traçaient sur ce fond de couleur l’esquisse elle-même, tandis que les
nôtres la faisaient avant (Voy. Bordier, op. cit., p. 26)

2. N05 11, 29.

XXXIII. — 2e PÉRIODE.

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