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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 33.1886

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Nr. 2
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Lecoy de La Marche, Albert: L' art d'enluminer, 3: manuel technique du quartorzième siècle
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https://doi.org/10.11588/diglit.19427#0166

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146

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

ce qui arrive souvent dans la miniature, il vaut mieux ne toucher,
cette fois, qu’aux relevés seuls. Les yeux se peignent avec de la
céruse et du noir; les autres traits du visage peuvent être accusés
avec un mélange de rouge, de jaune et de noir ou bien d’indigo L

Les grandes lettres s’exécutaient indifféremment avec la plume
ou le pinceau, ou avec l’un et l’autre. Une tradition constante voulait
qu’elles fussent tracées de préférence en bleu ou en rouge : l’azur et
le cinabre, apprêtés et fleuris par un procédé spécial, étaient les
couleurs employées pour cet objet. Il paraît que le vermillon formait
aussi la base de l’espèce d’encre rouge qui servait à écrire dans cette
nuance en caractères ordinaires; toutefois c’est plutôt le minium
qui, à l’origine, était appliqué à cet usage. Il est encore question,
dans le traité, de lettres rouges et noires sur lesquelles se détachaient
des ornements variés, peints avec du jaune de safran, qui reluisait
comme l’or; c’est pourquoi, sans doute, elles sont appelées lettres
enlevées (elevatæ) 2.

On sait quelle place considérable tenait dans la décoration des
initiales, et dans l’enluminure en général, l’application de l’or et de
l’argent, de l’or surtout. La chrysographie et les fonds dorés avaient
beau être passés de mode au xive siècle : des pages entières de
manuscrits reflétaient l’éclat du séduisant métal, semé à profusion
dans les rinceaux de feuillage, dans les grandes lettres et dans leurs
cadreè, dans les ornements de fantaisie, sur les armures et dans le
costume des personnages. Il s’y étalait tantôt en larges plaques,
.tantôt en filets minces comme un trait de plume. De là deux façons
différentes de le poser : à l’état solide et à l’état liquide. On avait ordi-
nairement recours à la première lorsqu’on voulait dorer une surface,
un champ quelconque. A la rigueur, il suffisait, dans ce cas, d’étendre
avec le pinceau une couche de couleur dorée; mais des artistes
raffinés comme étaient la plupart des enlumineurs ne se contentaient
pas de l’à peu près : la dorure leur semblait terne; il leur fallait l’or
lui-même, l’or en nature et en feuilles. Le problème consistait donc
à fixer sur le parchemin un panneau de métal, taillé à la mesure et
dans la forme voulues, en lui donnant une adhérence telle, qu’il eût
l’air d’être incorporé à la peau comme la plus mordante des couleurs
et qu’il pût passer, sauf l’éclat, pour une véritable couche de peinture.
Pour atteindre ce résultat difficile, on avait imaginé une foule
d’expédients. L’auteur du traité de l’enluminure en avait éprouvé et

4. N° 29.

2. Nos 20, 23, 24, 29, 28, 32.
 
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