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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 33.1886

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Nr. 2
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Lecoy de La Marche, Albert: L' art d'enluminer, 3: manuel technique du quartorzième siècle
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https://doi.org/10.11588/diglit.19427#0168

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148

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

L’application de l’or à l’état liquide était moins compliquée. La
plume ou le pinceau traçait d’abord les traits, les filets, les carac-
tères avec un mordant également liquide, ayant la propriété de
retenir par lui-même le métal (cum mordente qui accipit aurum per
seipsum). Dans ce caustique entraient de l’ammoniaque, du sucre
candi,J de la gomme arabique et, suivant d’autres recettes, du vert
d’iris fabriqué avec des fleurs de l’année, dont le suc est plus acide;
il semble bien qu’on y mêlait aussi du cinabre, puisque, sous tant de
dorures écaillées ou disparues du vélin, nous retrouvons aujourd’hui
une couleur rouge prononcée '. Lorsque cette première encre com-
mençait à sécher, on la chauffait avec l’haleine ; puis la plume ou
le pinceau, imbibé, cette fois, de la liqueur d’or, connue depuis
l’antiquité 2, repassait sur les mêmes traits, et l’on n’avait plus
ensuite qu’à presser très légèrement avec le coton, pour nettoyer et
brunir, sans jamais employer la dent, qui abîmait tout 3.

Les procédés inventés pour la fixation de l’argent sur le parchemin
étaient absolument les mêmes que pour celle de l’or ; mais on sait que
les enlumineurs en avaient moins souvent besoin L

On ne s’étonne plus, quand on a vu par le menu la série de
précautions et d’opérations pratiquées par ces travailleurs opiniâtres,
qu’ils soient arrivés à donner à leurs œuvres l’éclat et la solidité de
la peinture à l’huile. Et pourtant, quand cette série était épuisée,
quand la miniature était achevée, tout n’était pas fini : restait le
vernissage. Le vernis le plus usité se composait encore de gomme
arabique, de blanc d’œuf battu avec l’éponge, d’eau claire adoucie par
une faible dose de miel, le tout dans des proportions minutieusement
déterminées. On avait soin de l’essayer à l’avance sur un bout de
parchemin et sur le doigt : s’il faisait des crevasses, c’est qu’il n’y
avait pas assez de miel; s’il adhérait au doigt, c’est qu’il y en avait

usité chez les artistes byzantins et romans; les Persans ont renchéri en fixant par-
dessus l’or des émeraudes et des moitiés de perles. Voy. le Nouveau traité de diplo-
matique des Bénédictins, II, 106; Labartc, llist. des arts industriels, II, 180; F. Denis.
Introd. au livre de prières de Ch. Mathieu, II, 219; Magasin pittoresque, XXVI, 254.

1. Cette première écriture se traçait en rouge ou en carmin, d’après les
bénédictins (Nouv. traité de diplom., II, 109) et d’après M. Bordier (Catal. des
manuscrits grecs décorés de peintures, p. 103); mais la couleur rouge n’était qu’un
des éléments de cette composition.

2. Voy. notamment les recettes données dans le traité anonyme du ixe siècle,
publié par Muratori, Anti. Ital., II, 375, 385.

3. N° 15.

4. Ibid.
 
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