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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 33.1886

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https://doi.org/10.11588/diglit.19427#0196

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•172

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

les miniatures des manuscrits, les tapisseries et quelques fragments isolés de déco-
ration murale ne donneraient qu’une idée incomplète. »

Les admirables verrières du xiie et du xmc siècle ont atteint à la suprême
beauté du décor translucide; il était impossible d’aller plus loin dans les données
rationnelles et architecturales de cet art que ne l’ont fait les maîtres de ces
grandes époques; il fallait tenter autre chose. L’évolution naturaliste du xve siècle
a conduit nos artistes de la Renaissance à créer le tableau sur verre, genre aussi
inférieur au point de vue de la logique que peut l’être un vase d’Urbino à person-
nages par rapport à une de ces somptueuses gourdes persanes en faïence dont le
dessin magistral et le coloris éclatant sont la joie des yeux. Mais dans ce tableau,
décadence d’un art mâle et fier, que d’inventions heureuses et bien françaises, que
de trésors d’élégance et de délicatesse ! La France par bonheur a conservé, en
dépit du temps et des hommes, une très grande partie de sa vitrerie du xvxe siècle.
C’est un incomparable Musée disséminé sur notre territoire, de Rouen à Troyes,
de Sens à Chàlons, de Couches à Brou, de Bourges à Vincennes et à Paris. Mais,
ainsi que je viens de le remarquer, c’est dans les vitraux exécutés pour le connétable
Anne de Montmorency, à l’église de Saint-Martin de Montmorency et à Écoucn,
qu’il faut chercher les productions les plus accomplies de cette époque. Les quatorze
verrières de Saint-Martin, dues à des artistes différents (1523-1563), sont des
oeuvres d’art et des documents historiques de premier ordre ; le vitrail des alertons,
qui surmonte le portail central, vitrail dont nous avons donné ici même une
reproduction1, est, en ce genre, le chef-d’œuvre de la Renaissance française
parvenue à son complet épanouissement. Ces compositions et celles d’Écouen sont
particulièrement intéressantes par les portraits des personnages contemporains
qu’elles nous ont transmis. Les représentations de Jean et de Guillaume de
Montmorency sont des merveilles dont il serait impossible de rencontrer ailleurs
l’équivalent.

Le premier volume de l’ouvrage de M. Magne est donc consacré à l’étude de
ces monuments. C’est une monographie complète dont l’étendue et la précision ne
laissent rien à désirer. Appuyée sur des reproductions d’une exactitude saisissante,
qui font autant d’honneur à l’éditeur qu’à l’imprimeur, cette histoire présente un
intérêt véritablement national. Beaucoup de nos architectes y puiseront des
notions qui leur manquent; tous ceux qui ont quelque souci de la régénération de
notre sentiment décoratif y trouveront d’amples matériaux d’instruction.

M. Magne a bien voulu mettre à notre disposition les gravures de deux
compositions empruntées aux quarante verrières de VHistoire de Psyché, commandées
par le connétable pour son château d’Écouen et exécutées sur des dessins de l’École
de Raphaël. On sait que ce célèbre et gracieux ensemble appartient au duc
d’Aumale et se trouve actuellement à Chantilly.

LOUIS GONSE.

î. Gazette des beaux-arts, 2' période, t. XXXII, p. 58.
 
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