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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 33.1886

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Nr. 3
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Gilbert, Paul: Les petits salons
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https://doi.org/10.11588/diglit.19427#0277

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248

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

mortier et la truelle nous paraissent également condamnables : M. Donnât abuse
des empâtements. Le portrait de M. Henri Delaborde est d’une ressemblance
grossie et alourdie, qui ne donne pas la physionomie naturelle du modèle.Le même
reproche peut s’adresser au portrait de M. B... exposé rue Yolney. M. Donnât n’a
pas la main légère et son pinceau, fouilleur si habile du moindre pli du masque
humain, n’a pas toujours la souplesse qu’il faut pour rendre la flexibilité de
l’épiderme. Cette souplesse semble manquer également à M. Wencker qui, cepen-
dant, aux expositions précédentes, nous avait habitués à de très bons portraits.
Celui de Mme D... est une défaillance ; l’exécution en est lourde et pénible, les mains
surtout sont remarquablement mal peintes. Nous ne doutons pas que l’artiste
n’efface promptement ce mauvais souvenir.

Si M. Wencker s’est, pour un instant, égaré, M. Jules Lefebvre, tout en restant
dans sa manière ordinaire, savante et précise, semble avoir adouci cette fois ce
que tant de science a souvent d’un peu sec. Le portrait de Mme L. G... est une
œuvre de grande allure; la tête, d’un sentiment bien individuel, exprime des
tristesses souriantes et adorables de femme encore charmante, dont la beauté
s’estompe des mélancolies de la quarantaine. Contrairement aux mains du modèle
de M. Wencker, celles de Mme L. G. sont dessinées et modelées dans un délicat
sentiment de l’élégance. Il est à regretter que l’ensemble de ce beau portrait ne
s’arrange pas très bien au point de vue de la couleur; il faudrait pouvoir, à la
façon des maîtres anciens, reculer l’entourage dans des profondeurs assourdies et
laisser en pleine lumière cette tête pleine de vie et de pensée.

D’autres peintres ont envoyé au cercle de l’Union artistique des portraits de
dimension moins solennelle. M. Gérôme nous montre le portrait de Me Cléry, son
beau-frère : grand succès de boiseries; M. Chartran, un petit portrait de femme
d’une beauté incertaine, mais intéressante en son arrangement à la mode de
Clouet, peinture un peu peinée, curieuse néanmoins par l’exécution qui voudrait
se rapprocher des procédés du peintre Gaillard. Dans la même facture étroite et
serrée à la manière d’un Doilly, H. Chartran expose une petite femme en rose du
plus pur style Empire, amusante fantaisie au point de vue de la vérité du costume.

M. Dagnan envoie un portrait d’homme très étudié, sans que cependant trop
d’importance soit donnée au détail. Avec une heureuse discrétion, il néglige les
accessoires et concentre ainsi tout l'intérêt sur son personnage. C’est une leçon
salutaire dont pourrait profiter M. Béraud qui, dans son petit intérieur d’atelier,
ne fait grâce â son modèle ni d’une brosse, ni d’un tube à couleur, fâcheux
système, malheureusement adopté par un certain nombre d’artistes de talent.
M. Détaillé appartient â cette école patiente et minutieuse; pas une broderie
d’uniforme, pas une ciselure de casque ne lui échappe; tout cela papillote et
scintille trop haut dans un ensemble un peu aigre où manque l’harmonie envelop-
pante. Comme M. Détaillé, M. Mcissonier est un causeur qui craint toujours d’en
dire trop peu; de là, dans son travail une recherche parfois exagérée du détail.
Pour excuser l’irrévérence de cette appréciation, il suffit de regarder les mains
du personnage exposé place Vendôme; mains pénibles et compliquées, surchar-
gées de nœuds et de muscles qui trahissent un peu trop la préoccupation inquiète
du pinceau.

Nous aimons mieux les procédés libres et jeunes de M. Gervex : ici, point de
minutie superflue; le peintre indique une scène, saisit une impression, et c’est au
 
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