Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 33.1886

DOI Heft:
Nr. 4
DOI Artikel:
Guillaume, Eugène: De l'esthétique dans l'enseignement de l'art
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.19427#0313

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
28 2

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Or un principe ne peut être arbitrairement supprimé. L'idée
ne saurait être abdiquée; l’intention de la négliger ou de la faire
disparaître est un abus que l’on fait d’elle. Mais est-ce à dire que, son
empire une fois reconnu, elle puisse se passer de direction? Ce serait
un autre extrême. On a souvent répété que le génie lui-même est
soumis aux lois d’une logique suprême qu’il a, le plus souvent, le
privilège de nous révéler; et cela n’est pas contestable. L’art serait-il
donc affranchi de ces lois? Dans son domaine, la raison apparente ou
cachée n’exerce-t-elle pas son contrôle et la pratique n’exige-t-elle
pas, ici comme ailleurs, qu’à la faculté de juger soit unie celle
de produire !

Telles sont les idées qui se présentent à moi au moment où j’aborde
le sujet que j’entreprends de traiter : Y Esthétique clans renseignement
de l’art. Si ce qui précède est vrai, quel doit être l’objet de mes
recherches et quelle sera ma tâche? Il me faudrait, s’il est possible,
rapprocher la science de la forme de la science de l’idéal; les tourner
vers leur but commun, faire qu’elles se prêtent un mutuel secours. Je
voudrais pouvoir intéresser l’un à l’autre le travail de la pensée et le
travail de la matière, qui devraient être inséparables dans les arts du
dessin, les seuls dont je doive m’occuper.

Mais comment déterminer les rapports de ces deux éléments, fixer
les conditions de leur accord, définir leur action réciproque? Une
rapide analyse de l’esthétique nous aidera sinon à répondre à ces
questions, du moins à les bien poser.

L’esthétique embrasse un champ considérable et qu’il importe de
mesurer avant tout. Elle a réellement deux degrés; mais son objet
supérieur est la science du Beau. Nous connaissons le Beau à la fois
par l’intelligence et par les sens. Les sens le perçoivent; l’intelligence
en éclaire et en définit l’idée, en détermine les caractères et les
effets. Les manifestations du Beau sont diverses : elles ont quelquefois
le caractère du sublime. Nous les rencontrons dans la nature, d’où
elles retentissent et naissent dans notre esprit. Les idées qu’elles
éveillent sont celles de l’excellence et de la perfection infinie. Les
sentiments qu’elles provoquent sont ceux de l’admiration et de
l’enthousiasme. Mais surtout le Beau se produit avec une entière
indépendance. C’est ainsi et d’une manière spontanée qu’il apparaît
dans la nature : c’est exempt de tout calcul qu’il se manifeste dans
les œuvres humaines, et c’est de même aussi que, dans l’intelligence,
il se développe sans autre objet que la pure délectation. En dernière
analyse la beauté est corporelle et intellectuelle, elle brille dans les
 
Annotationen