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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 33.1886

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Nr. 5
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Renan, Ary: Gustave Moreau, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.19427#0415

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378

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

savoir que ce beau talent continuera d’explorer la route depuis long-
temps choisie : nous pouvons donc, dès maintenant, essayer de le
suivre.

M. Gustave Moreau est un amant de la Fable; — je me sers ici
du mot de Fable dans un sens général ; la Fable est tout ce qui n’est
pas l'histoire, quoique l’une et l’autre se confondent souvent, hélas!
M. Gustave Moreau est un amant de la Fable, lui millième peut-être;
mais est-il deux amours semblables, hors les banales amours?

Je voudrais rechercher, dans la première partie de cette étude,
comment M. Gustave Moreau comprend les mythes, comment il les
goûte, et ce qu’il a tiré de cet inépuisable fond des légendes antiques.
C’est là sa première originalité. Une constante volonté, une foi arrêtée
dans des principes esthétiques empreints pourtant d’un grand
éclectisme, doivent ensuite attirer sur lui toute notre réflexion.
Enfin, la partie matérielle, la technique de l’exécution, demanderait
à être analysée comme un des plus rares phénomènes de notre
peinture de style — si toutefois on peut séparer cette partie matérielle
de l’inspiration, et si surtout il est des mots pour en donner une idée.

On pourrait essayer une classification de l’œuvre de M. Gustave
Moreau, où on distinguerait quatre nuances diverses d’inspiration.

Tout d’abord, on placerait les œuvres directement conçues d’après
les données antiques : OEdipe et le Sphinx, Hélène, Hercule et l’Hydre de
Lerne, Galcitée, Diomède, Jcison et Médée; ou, parmi les aquarelles
encore moins connues du maître : Phciéton, Sapho, Ganymède, Prométhée,
les Sirènes...

Viendraient ensuite les œuvres inspirées par une fantaisie propre
à l’artiste, — je veux dire par une émotion personnelle, — et jetées
cependant dans des moules antiques ; les figures créées par une
imagination originale, mais placées dans la même atmosphère que
les précédentes; sortes d’allégories issues d’une fusion intime des
galbes traditionnels que l’artiste renouvelle avec son sentiment qui
ne change pas.

Tels le Jeune homme et la Mort, Y Orphée, plusieurs variétés du thème
si charmant la Muse et le Poète, les Plaintes du Poète, Y Amour et les
Muses...

Dans la troisième catégorie rentreraient les œuvres où la fantaisie
de l’artiste, en quête d’une matière nouvelle, va droit à l’Orient,
aux terres qui ont créé les religions, les légendes, les imaginations
premières.

Il existe de M. Gustave Moreau des scènes religieuses, la Lutte
 
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