DOI Heft:
Nr. 5
DOI Artikel:Reinach, Salomon: Courrier de l'art antique, [1]
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COURRIER DE L’ART ANTIQUE.
431
la destruction. Ces sortes de cachettes ne sont pas rares à Rome; rappelons
seulement la statue colossale de bronze, dite Hercule Mastai, et la Vénus du
Capitole, plus célèbre encore, découvertes Tune et l’autre sous des décombres
et dans des abris disposés pour leur servir de cachette U
Notre figure est celle d’un lutteur au repos, armé de cestes, qui tourne
vivement la tète vers la droite comme attiré par le frémissement d’un combat
voisin. Elle est de grandeur naturelle et dans un état surprenant de conser-
vation. Nul doute que ce soit une œuvre grecque originale, bien qu’il ne
paraisse pas possible, pour le moment, d’en préciser la date. Ce style
réaliste, violent, heurté, presque maladroit malgré beaucoup de savoir,
a quelque chose qui déconcerte et ne se prête à aucun rapprochement
plausible. La physionomie est tout à fait conforme au type d’Hercule créé
par Lysippe au ive siècle et que la statue de YUercule Farnèse a rendu
familier à l’art moderne. Mais à côté de ce type d’IIercule arrivé à la
maturité de l’âge, tel que le représente notre statue, il en existait un autre
d’IIercule jeune, imberbe, que Ton voit sur un grand nombre de monnaies
grecques et dont on possède d’excellentes répliques en sculpture. Eaut-il en
rapporter l’origine à la célèbre statue d’IIercule par Myron? Faut-il penser
qu’il dérive aussi de quelque œuvre de Lysippe, comme le feraient croire
les têtes dllercule jeune signalées parmi les terres cuites de Smyrne? La
question est encore pendante. Une publication récente de M. Schneider2 ajoute
du moins un spécimen important à la série des types juvéniles d’Hercule :
c’est une belle tête en marbre que nous avons fait reproduire de face au
début de cet article, dont nous donnons aussi le profil, et qui se trouve aujour-
d’hui à Sinj, dans le couvent des Franciscains. Elle a été découverte en 1860
sur l’emplacement d’Aequum en Dalmatie, avec les fragments d’une main et
d’une massue, qui ne laissent aucun doute sur son attribution à Hercule.
Restée ignorée pendant vingt-cinq ans, elle a heureusement fini par éveiller
l’attention d’un jeune savant autrichien qui en a fait exécuter des photo-
graphies et des moulages. Que d'œuvres importantes, perdues dans des
régions peu fréquentées, attendent encore le passage du connaisseur qui en
comprendra et en fera comprendre le prix !
SALOMON RE IN A G H.
1. Voy. J. de Witte, Annali dell’ Instituto, Rome, 1868, p. 200.
2. Archæologische epigrapliische Mittheilungen ans Üesterreich, 1883, p. ,57, pl. I.
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la destruction. Ces sortes de cachettes ne sont pas rares à Rome; rappelons
seulement la statue colossale de bronze, dite Hercule Mastai, et la Vénus du
Capitole, plus célèbre encore, découvertes Tune et l’autre sous des décombres
et dans des abris disposés pour leur servir de cachette U
Notre figure est celle d’un lutteur au repos, armé de cestes, qui tourne
vivement la tète vers la droite comme attiré par le frémissement d’un combat
voisin. Elle est de grandeur naturelle et dans un état surprenant de conser-
vation. Nul doute que ce soit une œuvre grecque originale, bien qu’il ne
paraisse pas possible, pour le moment, d’en préciser la date. Ce style
réaliste, violent, heurté, presque maladroit malgré beaucoup de savoir,
a quelque chose qui déconcerte et ne se prête à aucun rapprochement
plausible. La physionomie est tout à fait conforme au type d’Hercule créé
par Lysippe au ive siècle et que la statue de YUercule Farnèse a rendu
familier à l’art moderne. Mais à côté de ce type d’IIercule arrivé à la
maturité de l’âge, tel que le représente notre statue, il en existait un autre
d’IIercule jeune, imberbe, que Ton voit sur un grand nombre de monnaies
grecques et dont on possède d’excellentes répliques en sculpture. Eaut-il en
rapporter l’origine à la célèbre statue d’IIercule par Myron? Faut-il penser
qu’il dérive aussi de quelque œuvre de Lysippe, comme le feraient croire
les têtes dllercule jeune signalées parmi les terres cuites de Smyrne? La
question est encore pendante. Une publication récente de M. Schneider2 ajoute
du moins un spécimen important à la série des types juvéniles d’Hercule :
c’est une belle tête en marbre que nous avons fait reproduire de face au
début de cet article, dont nous donnons aussi le profil, et qui se trouve aujour-
d’hui à Sinj, dans le couvent des Franciscains. Elle a été découverte en 1860
sur l’emplacement d’Aequum en Dalmatie, avec les fragments d’une main et
d’une massue, qui ne laissent aucun doute sur son attribution à Hercule.
Restée ignorée pendant vingt-cinq ans, elle a heureusement fini par éveiller
l’attention d’un jeune savant autrichien qui en a fait exécuter des photo-
graphies et des moulages. Que d'œuvres importantes, perdues dans des
régions peu fréquentées, attendent encore le passage du connaisseur qui en
comprendra et en fera comprendre le prix !
SALOMON RE IN A G H.
1. Voy. J. de Witte, Annali dell’ Instituto, Rome, 1868, p. 200.
2. Archæologische epigrapliische Mittheilungen ans Üesterreich, 1883, p. ,57, pl. I.