ANDREA MANTEGNA
(troisième article '. )
insi qu’on l’a pu voir par les lettres répé-
tées et presque suppliantes dont nous
avons dit la bonne grâce, Louis de Gon-
zague eut des peines infinies à obtenir
de Mantegna qu’il vînt se fixer à Man-
toue. L’artiste avait donné sa parole et il
ne tenait pas sa promesse. Avant de quit-
ter son atelier de Padoue, il lui fallait
finir les fresques des Eremitani et le
retable attendu par l’abbé commenda-
taire de San-Zeno à Vérone. Au 29 juin
1459, cette dernière œuvre est à peine achevée; mais à ce moment,
le courrier de Mantoue n’apporte plus à Mantegna une seule de ces
dépêches qui contenaient à la fois des reproches et des prières : si
le marquis a cessé d’écrire, c’est qu’il a vaincu; c’est que le peintre
s’est enfin rendu à l’appel de son nouveau maître. Telle est du moins
l’interprétation que donnait Armand Baschet au silence que garde
dès lors sur ce point le dépôt des archives mantouanes. Cette ingé-
nieuse conjecture a été presque partout admise : l’auteur du catalo-
gue du Musée de Berlin fixe approximativement à 1460 l’époque à
laquelle Mantegna est allé s’établir à Mantoue.
Cette date, nous l’acceptons aussi ; mais en rapprochant les textes,
malheureusement bien peu nombreux, en lisant entre les lignes,
nous croyons deviner que Mantegna a fait une première et courte
1. Voy. Gazette clés beaux-arts; 2e période, t. XXXIII, p. 5 et 177.
(troisième article '. )
insi qu’on l’a pu voir par les lettres répé-
tées et presque suppliantes dont nous
avons dit la bonne grâce, Louis de Gon-
zague eut des peines infinies à obtenir
de Mantegna qu’il vînt se fixer à Man-
toue. L’artiste avait donné sa parole et il
ne tenait pas sa promesse. Avant de quit-
ter son atelier de Padoue, il lui fallait
finir les fresques des Eremitani et le
retable attendu par l’abbé commenda-
taire de San-Zeno à Vérone. Au 29 juin
1459, cette dernière œuvre est à peine achevée; mais à ce moment,
le courrier de Mantoue n’apporte plus à Mantegna une seule de ces
dépêches qui contenaient à la fois des reproches et des prières : si
le marquis a cessé d’écrire, c’est qu’il a vaincu; c’est que le peintre
s’est enfin rendu à l’appel de son nouveau maître. Telle est du moins
l’interprétation que donnait Armand Baschet au silence que garde
dès lors sur ce point le dépôt des archives mantouanes. Cette ingé-
nieuse conjecture a été presque partout admise : l’auteur du catalo-
gue du Musée de Berlin fixe approximativement à 1460 l’époque à
laquelle Mantegna est allé s’établir à Mantoue.
Cette date, nous l’acceptons aussi ; mais en rapprochant les textes,
malheureusement bien peu nombreux, en lisant entre les lignes,
nous croyons deviner que Mantegna a fait une première et courte
1. Voy. Gazette clés beaux-arts; 2e période, t. XXXIII, p. 5 et 177.