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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 34.1886

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Nr. 1
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Bonnaffé, Edmond: Études sur le meuble en France au XVIe siècle, 5
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https://doi.org/10.11588/diglit.19428#0075

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66

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Henri iv. — La fabrique parisienne a produit, dans les dernières
années du siècle, un grand nombre d’armoires de la même famille :
les colonnes d’angle, lisses et grêles, de longueur disproportionnée,
montent jusqu’à la corniche au lieu de s’arrêter sous l'architrave, et
le dessin des panneaux rappelle les compositions de Jean Goujon. Un
homme d’une grande clairvoyance, qui avait manié toute sa vie le
mobilier du xvie siècle, M. Carrand père, appelait ces meubles des
armoires de la Ligue; on peut les rajeunir de quelques années. Nous
avons rencontré chez M. Leclanché deux modèles portant, sur la
garniture intérieure, les dates de 1604et de 1610. Ces armoires sont en
général d’une belle exécution ; nous signalerons les deux spécimens
de la collection Foule 1 et ceux des Musées du Louvre, de Cluny,
des collections Spitzer, Chabrières, Aynard, etc.

Le type des armoires dites normandes ne paraît pas antérieur à
l’époque de Henri IV. Tous les amateurs connaissent ces meubles
délicatement menuisés, d’un aspect bien caractéristique, avec leurs
colonnettes unies de bois de couleur, leurs plaques de marbre noir,
leurs ornements de bois doré et rapporté; çà et là quelques applica-
cations d’ébène travaillé au tour. Mais ces armoires sont-elles d’ori-
gine normande? S’il est vrai que la plupart de celles qu’on a vues
sur le marché parisien proviennent de la région rouennaise, on en
connaît de temps immémorial dans le Lyonnais et le Bourbonnais.
Nous avons même trouvé à Pont-Audemer, dans l’Eure, une de ces
armoires qui portait à l’intérieur cette inscription : Restauré à Lyon
en 1842. Avant de se prononcer sur la question d’origine, le mieux
est d’attendre la découverte de documents nouveaux.

L’armoire de M. Jourdan, de Lyon 2, a fait un certain bruit il y a
quelques années; elle avait été achetée 25,000 francs et on assurait
que M. Jourdan en avait refusé le double. Le meuble, d’un beau
caractère et d’une patine remarquable, vient de Jujurieux et porte la
date de 1591. Le corps supérieur présente trois figures, deux de
femme et une d’homme, nuesetenpied ; trois gaines leur correspondent
à l’étage inférieur. Malgré sa provenance, cette armoire ne paraît pas
d’origine lyonnaise : certains détails comme l’arrangement du fronton,
le dessin des profils et la décoration des moulures, la nudité complète
des figures, leur attitude de Vénus pudique familière aux ateliers du
Midi, sembleraient indiquer une provenance plus voisine de l’Italie.

1. Reproduit en partie dans l’Art de décembre 1879.

2. Reproduite dans la Galette, 23 pér., t. XVI, p. 185, et dans le Recueil de
l’Exposition lyonnaise.
 
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