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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 34.1886

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Hymans, Henri: Correspondance de Belgique
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https://doi.org/10.11588/diglit.19428#0091

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CORRESPONDANCE DE RELGIQUE

oyons persuadés que la race des chercheurs de chefs-
d’œuvre perdus ou méconnus n’est pas près de s’éteindre.
Aussi bien, les chemins de la fortune ne sont pas trop
mal pavés d’oeuvres d’art. Mettons qu’un tableau de
-1,750,000 francs, comme le dernier Raphaël de la Galerie
Nationale, doive rester à titre d’échantillon unique;
mais c’est encore un joli chiffre que celui de 385,000
francs, que la Belgique a versé en quelques semaines
dans les caisses d’un marchand de tableaux, en échange de deux portraits de
Rembrandt et d’un portrait de Frans Hais.

Les lecteurs de la Gazette connaissent le nouveau portrait de Rembrandt, du
Musée de Bruxelles. Ma lettre n’avait point paru que déjà le Musée d’Anvers répli-
quait par l’achat d’un portrait d’homme de Frans Hais, au prix de 85,000 francs,
et d’un portrait de vieillard, de Rembrandt, au prix de 200,000 franes. Si j’ajoute
que la nouvelle de ces acquisitions a causé plus de plaisir encore que de surprise,
j’aurai dit du même coup leur valeur artistique indiscutable.

Ce n’est pas que le fait, en lui-même, n’ait de quoi inspirer quelque inquiétude
à qui a souci de Favenir.de nos musées, lesquels, assurément, doivent tendre à
s’enrichir des plus belles productions, et n’ont pas, que je sache, des crédits annuels
de 285,000 francs à y affecter. Pour les particuliers, ils y regarderont probable-
ment à deux fois avant de se dessaisir, à des prix qui leur paraîtront toujours
infimes, des belles choses dont ils sont les détenteurs et se hâteront moins encore
de faire un abandon gratuit de leurs trésors — vrais ou supposés — aux collections
publiques.

Aucun maître, Frans Hais peut-être excepté, n’a, comme Rembrandt, profité
des tendances éclectiques du jour. Il semble que notre époque ait pris à tâche
d’effacer, par l’étendue de son enthousiasme, les outrages immérités qui ont terni
la mémoire du plus grand des peintres de la Hollande. Tout ce qui émane de son
pinceau acquiert à nos yeux un intérêt singulier. L’on pourrait à peine prévoir
où s’arrêtera le prix de ses œuvres, et le Doreur qui, avant même de passer en
Amérique, avait haussé de 100,000 francs en peu d’années, ouvre à ce sujet des
horizons à perte de vue.
 
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