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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 34.1886

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Phillips, Claude: Les expositions de printemps à la Royal Academy et à la Grosvenor Gallery: correspondance d'Angleterre
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https://doi.org/10.11588/diglit.19428#0090

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CORRESPONDANCE D’ANGLETERRE.

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conçues, et les jolies côtes vertes baignées de vagues chatoyantes, dont M. Hook
nous régale cette année encore, comme il l’a fait d’innombrables fois déjà, sans
se soucier de varier en quoi que ce soit ses effets trop connus.

Dans la sculpture il y a de véritables progrès à signaler, quoique les plus
méritants de nos jeunes artistes soient encore quelque peu dans la période d’in-
cubation.

Sir Frédérick Leighton envoie une statue en bronze, The Sluggard, représentant
un homme nu, d’un type grec accusé, qui s’étire avec paresse après le sommeil. Cette
œuvre, construite avec beaucoup de talent, est remarquable surtout par la grâce
étudiée des lignes. Chose assez naturelle chez un peintre voulant affermir ses droits
à passer sculpteur, l’artiste s’y montre peut-être trop préoccupé d’indiquer chaque
muscle, chaque tendon, toute la structure osseuse du corps. Une petite statue du
même maître, représentant une frêle petite fille qui tressaille à la vue d’un crapaud,
porte justement cette empreinte de la vie et de la grâce naturelle qui manquent un
peu à l’œuvre plus savante dont nous venons de parler. M: Ifamo Thorneycroft
envoie un grand plâtre, le Semeur, œuvre remarquable, dont la donnée paraît avoir
été empruntée, toutefois sans imitation servile, au fameux tableau de J.-F. Millet. Il
aurait fallu, cependant, pour que la réussite en fût complète, donner au travailleur
un type sentant moins l’antiquité et la convention, et au mouvement de son corps
un élan plus vrai et plus spontané. Un jeune sculpteur déjà fort en vue, M. Alfred
Gilbert, accuse cette année encore sa tendance à subir l’influence de Donatello et
l’École florentine du xv9 siècle. Son œuvre principale, la Chaise enchantée, nous
montre une jeune fille assoupie sur un trône de structure étrange, dont les bras
ont, de chaque côté, pour soutien un chérubin aux volumineuses ailes déployées, et
sur le dossier duquel plane un aigle immense. L’attitude de la dormeuse, saisissante
de vérité, est copiée de trop près sur la nature, et jure ainsi avec un sujet qui tient
par tant de côtés à l’idéal et à la fantaisie pure. Le jeune artiste n’a pas encore
appris à garder de la \ érité les côtés essentiels, sans en accentuer inutilement les
accidents, souvent peu propres à être rendus par un art tel que la sculpture, qui en
s’efforçant de les rendre avec fidélité, ne parvient qu’à les exagérer.

M. Onslow Ford, qui suit avec succès, mais avec moins d’originalité que
M. Gilbert, une voie analogue, envoie une statuette, la Folie, et le joli buste en
bronze d’une jeune fille. Signalons encore une esclave nue de M. Havard Thomas,
dont le modelé juste et délicat révèle une très patiente étude de la nature.

CLAUDE PHILLIPS

XXXIV. — 2' PÉRIODE.

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