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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 34.1886

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Nr. 6
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Bibliographie: La vie et l'ouevre de Titien
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https://doi.org/10.11588/diglit.19428#0522

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BIBLIOGRAPHIE

La Vie et l’Œuvre de Titien, par M. Georges Lafenestre L

a France ne s’esl point hâtée de rendre justice à Titien. Elle l'a
cependant connu de bonne heure ou, du moins, elle a pu, dès les pre-
mières années du xvie siècle, entendre parler de sa vaillance. Louis XII,
ses généraux et son peintre Perréal étaient bien près de lui, au
printemps de 1509, lors de cette promenade coupée de batailles et de fêtes que
Jehan Marot a racontée dans le Voyage deVenise. A cette époque, Titien, alors dans
le feu de sa manière giorgionesque, avait trente-deux ans, et la jeune école, celle
qui croyait que Giovanni Bellini vieillissait, le saluait déjà comme le maître du
lendemain. Il ne paraît pas toutefois que Louis XII et son monde aient profité de
l’occasion pour ébaucher quelques relations avec Titien.

Le contact, longtemps différé, se produisit sous François I". Je vois dans le
livre dont j’essaierai de dire les mérites, que vers 1518 ou 1519, Lautrec avait
commandé à Titien une peinture pour le roi. Un peu plus tard, nous apprenons par
une ettre de l’artiste lui-même (20 décembre 1534), qu’un personnage de marque,
ïl reverendissimo Loretta, c’est-à-dire le cardinal de Lorraine, est venu chez lui et
qu’il a fait faire son portrait. Mais ces rencontres de la France avec celui qui était
dès lors le premier peintre de Venise, sont rares et sans suite. Nous ne savons
même pas exactement à quelle date Titien peignit le portrait de François 1er.
L’œuvre, on le sait, fut exécutée dans des conditions singulières, car, contrairement
aux règles de la portraiture loyale, elle a été faite loin du modèle, par un peintre
qui n’avait jamais vu le roi. Ce portrait de François ltr, aujourd’hui au Louvre,
est peut-être la seule peinture de Titien dont la collection de Fontainebleau se soit
enrichie. Les beaux Titien du cabinet royal, la Mise au tombeau, peinte pour
Mantouc, les Disciples d’Emmaüs, la Vénus del l’ardo, la composition qui réunit les
portraits d’Alphonse, duc de Ferrare, et de Laura de’ Dianti, ne sont arrivés à
Louis XIV que par Jabach et Mazarin. Les grands amateurs du xvii" siècle faisaient
fête aux productions de ce savant pinceau, mais les lettrés n’en parlaient qu’à
l’aventure. En 1670, Louis Boulogne lit à l’Académie une conférence sur le tableau
que nous appelons la Vierge au lapin. Ce discours fut relu et discuté en 1683, et
l'on voit que Titien n’était pas admis sans réserve par la docte assemblée. Elle
ne pouvait parvenir à digérer l’humble bestiole égarée dans un tableau de dévotion.
« Pourquoi, disaient les sages, pourquoi ce lapin, qui, au milieu d’un groupe de
personnes sacrées, ne peut passer que pour une minutie 1 2? » Ce n’est qu’à la fin du

1. Paris, Quantin et C", 1 vol. gr. in-folio, illustré de nombreuses gravures.

2. Mémoires sur la vie des membres de l'Académie royale, t. I, p. 200.
 
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