Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (2. Pér. 34.1886)

SANDRO BOTTICELLI

(premier article.)

I.

Dans un petit livre publié à
Naples, il y a quelques années,
un écrivain plein d’esprit, re-
prenant un thème très connu,
s’efforçait d’établir le contraste
exact entre Léonard de Vinci et
Michel-Ange. L’auteur, M. Boïto,
esquissait à grands traits les cô-
tés saillants du caractère des
deux grands peintres toscans.
Léonard, d’une fibre subtile et
délicate, et beau comme le jour,
n’aurait jamais cherché que la
nature, mais en la transformant
et en l’idéalisant avec un succès
sans égal. Poète et mathémati-
cien, dessinateur et musicien, il aurait perfectionné son art à tel
point qu’il en était venu à produire le beau et le laid avec la même
empreinte de vérité sublime. Son chef-d’œuvre est la Cène de Milan
où le masque hideux de Judas et la beauté radieuse du Christ sont

xxxiv — 2e PÉRIODE.

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