DOI Heft:
Nr. 3
DOI Artikel:Durand-Gréville, Émile: L' art aux États-Unis: correspondance d'Amérique
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.19428#0268
CORRESPONDANCE D’AMÉRIQUE
l’abt aux états-ünis
es six mois que nous venons de passer dans ]a région Est des États-
Unis ont à peine été suffisants pour le travail qui nous y avait
amené, c’est-à-dire pour un examen attentif des galeries publiques
et pour la rédaction d’un catalogue des tableaux français conte-
nus dans les galeries publiques et privées. Quant à l’art améri-
cain moderne, nous l’avons rencontré çà et là, un peu au hasard,
et cette lettre ne sera que le compte rendu hâtif de nos impressions reçues an jour
le jour.
C’est le catalogue illustré de la vente Morgan qui, nous tombant un jour sous
la main, nous a éclairé sur la très honorable moyenne de talent des aqua-fortistes
américains : presque tous, en effet, y avaient collaboré. Mais aucun nom tout à fait
hors de pair ne nous est resté dans la mémoire après l’examen de ce volume.
Il en est autrement de la gravure sur bois. On peut affirmer d’une manière
générale qu’aux Etats-Unis les graveurs sur bois sont très remarquables : nous
avons eu l’heureuse chance d’être à New-York juste au moment où le Grolier club
exposait — malheureusement pour un temps trop court — les ouvrages des graveurs
sur bois les plus connus. Comme finesse, il est impossible d’aller plus loin, et le
résultat est obtenu sans roulette, rien qu’à l’aide d'un poinçon et d’une loupe.
Cette extrême finesse permet des effets gras qui font penser à la peinture, mais
entraîne quelquefois vers l’excès des ombres lourdes, fumeuses. Les Américains
sont assez disposés à dire que leurs graveurs sur bois sont les premiers du monde.
Pour l’habileté technique, ils ont sans doute raison ; mais au point de vue purement
artistique, un examen comparatif plus sérieux permettrait seul de donner un avis
sur ce jugement1.
Ce genre de gravure est très utile aux revues (Magazines). En Amérique, les
revues ([sont souvent illustrées, tout en conservant le format des publications
françaises de même espèce. Tels sont le Century, le Harpers magazine, etc.
Les volumes illustrés plus directement artistiques sont publiés avec beaucoup
de soin et, reliés ou brochés, leur couverture est en général richement ornée
1. Un certain nombre de graveurs américains exposent aux Salons de Paris;
leurs envois ont été appréciés à diverses reprises dans la Gazette (N. D.L. IL).
l’abt aux états-ünis
es six mois que nous venons de passer dans ]a région Est des États-
Unis ont à peine été suffisants pour le travail qui nous y avait
amené, c’est-à-dire pour un examen attentif des galeries publiques
et pour la rédaction d’un catalogue des tableaux français conte-
nus dans les galeries publiques et privées. Quant à l’art améri-
cain moderne, nous l’avons rencontré çà et là, un peu au hasard,
et cette lettre ne sera que le compte rendu hâtif de nos impressions reçues an jour
le jour.
C’est le catalogue illustré de la vente Morgan qui, nous tombant un jour sous
la main, nous a éclairé sur la très honorable moyenne de talent des aqua-fortistes
américains : presque tous, en effet, y avaient collaboré. Mais aucun nom tout à fait
hors de pair ne nous est resté dans la mémoire après l’examen de ce volume.
Il en est autrement de la gravure sur bois. On peut affirmer d’une manière
générale qu’aux Etats-Unis les graveurs sur bois sont très remarquables : nous
avons eu l’heureuse chance d’être à New-York juste au moment où le Grolier club
exposait — malheureusement pour un temps trop court — les ouvrages des graveurs
sur bois les plus connus. Comme finesse, il est impossible d’aller plus loin, et le
résultat est obtenu sans roulette, rien qu’à l’aide d'un poinçon et d’une loupe.
Cette extrême finesse permet des effets gras qui font penser à la peinture, mais
entraîne quelquefois vers l’excès des ombres lourdes, fumeuses. Les Américains
sont assez disposés à dire que leurs graveurs sur bois sont les premiers du monde.
Pour l’habileté technique, ils ont sans doute raison ; mais au point de vue purement
artistique, un examen comparatif plus sérieux permettrait seul de donner un avis
sur ce jugement1.
Ce genre de gravure est très utile aux revues (Magazines). En Amérique, les
revues ([sont souvent illustrées, tout en conservant le format des publications
françaises de même espèce. Tels sont le Century, le Harpers magazine, etc.
Les volumes illustrés plus directement artistiques sont publiés avec beaucoup
de soin et, reliés ou brochés, leur couverture est en général richement ornée
1. Un certain nombre de graveurs américains exposent aux Salons de Paris;
leurs envois ont été appréciés à diverses reprises dans la Gazette (N. D.L. IL).