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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 34.1886

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Nr. 3
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Reinach, Salomon: Courrier de l'art antique, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.19428#0267

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254

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Bésa reçut le nom d’Anlinoopolis. Ce culte, inspiré peut-être par la flatterie,
persista par des causes plus profondes et dura jusqu’au triomphe du chris-
tianisme. Il semble que l’art antique, à la veille de disparaître, ait retrouvé
quelque chose de sa vigueur première pour multiplier des images de ce jeune
homme qui unissait à la stature d’un athlète le charme presque romantique
d’une physionomie rêveuse. Avec son front bas, ses yeux profonds, sa bouche
dédaigneuse et triste, ses larges épaules et son corps puissant, Antinoüs est
le dernier rejeton de cette race d’éphèbes créée par le génie des Praxitèle et
des Lysippe, à l’époque où la beauté ne paraissait plus complète sans le reflet
des méditations intérieures. Mais ce que l’art de Praxitèle avait indiqué d’une
touche légère, la sculpture contemporaine d’Hadrien y insista. Placé au seuil
du monde antique et d’un âge nouveau, le type d’Antinoüs participe de l’un
et de l’autre. Son front est comme assombri par le pressentiment d’une mort
prochaine. Il porte le deuil anticipé de sa jeunesse. L’art grec aussi semble
porter le deuil de la sienne. Quatorze siècles après, lorsqu’il commença à
renaître, Raphaël, copiant une tête antique, donnera les traits d’Antinoüs
au Jonas de Santa-Maria del Popolo.

SALOMON BEINACH.
 
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