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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 34.1886

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Nr. 3
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Durand-Gréville, Émile: L' art aux États-Unis: correspondance d'Amérique
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https://doi.org/10.11588/diglit.19428#0276

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CORRESPONDANCE IV A M E R 1 Q U E.

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chambre de jeune fille en s 1 vie Louis XV. Quel plaisir de retrouver ainsi tout àcoup
un coin de France !

Mais les Américains ont aussi un style à eux dans la décoration intérieure.
Chez nous, quand la maison est construite, on la livre au tapissier : chez eux,
j’archilecte se charge des cheminées en bois ou en bronze, des boiseries fixes,
auxquelles il attache souvent une grande importance; puis il cède la place au
décorateur, qui est un véritable artiste. Le décorateur ne se contente pas de
choisir la couleur des tapis et des tapisseries, de mettre d’accord les boiseries et
les meubles, il couvre encore de peintures ornementales, de luxuriants feuillages
entrelacés, toutes les surfaces disponibles des murailles; les plafonds disparaissent
de même sous une riche ornementation, où se mêlent l’or vert, le cuivre rouge,
mille teintes fi la fois étouffées et éclatantes qui semblent empruntées à des
vitraux. Tout cela donne une impression de sombre splendeur et de grande
richesse, qui contraste singulièrement avec l’harmonie claire des pièces de style
français dont nous parlions tout à l’heure.

Cette façon de comprendre l’ornementation intérieure a peut-être le défaut de
laisser Irop peu de place à l’initiative des habitants du lieu; mais il y a lit un
effort vraiment intéressant, qui donne des résultats parfois admirables et que
nous tenons beaucoup à signaler.

Ce qui contribue encore à cet effet de sombre splendeur, c’est la multiplicité
des vitraux.

La tradition de l’ancien vitrail s’est presque perdue en France. On n’y fait
plus guère que des peintures sur verre. Nos vitraux sont des tableaux. La mise
en pratique des vrais principes se retrouve en Amérique; il faut le dire haute-
ment, parce que c’est la vérité. Ceux d’entre nous qui se sentiraient blessés dans
leur amour-propre national par cette affirmation peuvent se consoler à demi en
pensant que le rénovateur du vitrail est le descendant d’une famille française et
qu’il porte un nom français. 11 s’appelle John la Farge. Chose curieuse, le sculp-
teur Saint-Gaudens est aussi Français d’origine, par son père. M. la Farge, en
tant que peintre, est un artiste de beaucoup de talent; il a fait de grandes déco-
rations pour les églises de New-York, de lîoston et d'ailleurs. Mais, comme
créateur de vitraux, il est incomparable. Dans son œuvre, la peinture ne joue
presque aucun rôle; il exécute, avec des morceaux de verres de couleur, de véri-
tables mosaïques transparentes. Mettant la chimie au service de l’art, ce n’est pas
par centaines, mais par milliers qu’il a obtenu des nuances nouvelles. Dans ses
vitraux d’église à grandes figures, dans ses vitraux d’appartement, où les fleurs et
les arabesques régnent seules, il a montré une inépuisable fertilité d’imagination,
parfois un goût très pur dans l’agencement des lignes, toujours une extrême
richesse de couleur. Si le temps ne nous manque pas, nous ferons quelque jour
une étude plus complète de l’œuvre de M. la Farge, avec des illustrations à.
l’appui.

Nous ne sortirons pas du domaine des arts décoratifs en parlant des théâtres
américains, l’eu remarquables comme façade, au moins dans la majorité des cas.
ils sont, en revanche, très bien aménagés à l'intérieur, avec des salles heureuse-
ment conçues et d’une jolie proportion. La salle de l’Opéra métropolitain, où
chante la troupe allemande en hiver, n’est pas aussi bien réussie que d’autres au
point de vue architectural, les lignes des balcons se rattachant mal au mur de la
 
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