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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 34.1886

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Nr. 4
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Laforgue, Jules: Exposition de Centenaire de l'Académie Royale des Arts de Berlin
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https://doi.org/10.11588/diglit.19428#0355

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

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grosse question. Ce qu’on nomme à Berlin l’Académie est une espèce de petite
caserne grise mal accommodée, située sous les Tilleuls à côté de l’Université, du
corps de garde principal et de l’Arsenal et vis-à-vis du Palais Impérial et de l’Opéra.
Vu l’extension de son enseignement, l’Académie qui, je l’ai dit, est en même temps
l’École des Beaux-Arts, se trouva un jour insuffisante pour l’organisation des
Salons. Un local provisoire fut aménagé dans « l’île des Musées » et servit ainsi
de 1876 à 1881. Le Salon de 1883, dont nous rendîmes compte ici-même, sécha
les plâtres de la nouvelle École polytechnique à Gharlottenbourg (le Passy de
Berlin). En 1884, Berlin organisa une Exposition d’hygiène dans ce qu’on appelle
« Le Parc d’Exposition », une sorte de petit Champ de Mars sans Trocadéro, com-
posé de petites halles en fer au milieu d’un jardin où passe le Métropolitain. Cette
série de pavillons se prête fort passablement à des Expositions d’art. L’Exposition
actuelle y est logée, et c’est là le palais définitif que l’Académie reçoit comme
cadeau de centenaire pour ses Salons futurs.

L’Académie des Beaux-Arts de Berlin compte, en fait de membres étrangers :
Herkomer, Sir F. Leighton, John Everett Millais et le sculpteur Marcas Antolcolsky.

L’Exposition actuelle, en l’honneur de son centenaire, est internationale ; elle
Test de fait, mais nullement de nom. Tous les étrangers y ont plus ou moins participé,
sauf les Français. Le ministre, M. Gossler, dans son discours d’ouverture, n’a
nommé que l’Autriche et l’Angleterre. La Belgique a cependant une salle aussi
complète que celles de ces deux nations. La préface du catalogue remercie au nom
de l’Académie le vrai promoteur et protecteur de cette Exposition, le chancelier
de Bismarck. On sait que le chancelier a une sainte horreur pour tout ce qui se dit
international. On m’assure que le prince aurait déclaré au'peintre Becker, président
de l’Académie, que l’Académie pouvait inviter qui elle voudrait, qu’elle pouvait
même réserver la plus belle salle à la France s'il lui plaisait, mais que cela ne de-
vait rien avoir d’officiellement international, qu’il ne pouvait être question de salles
séparées portant à leur entrée des noms de nations distinctes, etc., etc. — Que s’est-il
passé au fond? M. Becker a échangé d’inutiles lettres avec M. Georges Lafenestre ;
un commissaire berlinois a été envoyé à Paris et en est reveuu bredouille. Quoi
qu’il en soit, il n’y a pas d’œuvres françaises à l’Exposition du centenaire des
Salons berlinois, et les curieux d’art français ont dù se contenter de la section belge.
Il est bon de noter, à propos de cet incident, qu’en 1878 l’art allemand prit part,
officiellement invité, à notre Exposition Universelle et que la première conséquence
de ce caractère officiel de l’invitation fut que, de part et d’autre, par un accord
mutuel, il n’y eut pas de toile militaire, allégorique ou autre, exposée, rappe-
lant les triomphes de l’un et les humiliations de l’autre. Et l’absence d’invitation
officielle a laissé toute liberté sur ce chapitre à l'Exposition qui nous occupe. Que
nos artistes sachent donc que leurs œuvres auraient ici coudoyé nombre de
« Sedan », nombre de « Moltke devant Paris », de « Bismarck à Versailles », de
« Jules Favre courbant la tête », de « Thiers atterré par la défaite ».

Inutile d’ajouter que les vaincus de Sadowa ont pu exposer ici sans rencontrer
le moindre froissement de ce genre.

Cette Exposition de 1886 se compose donc du Salon annuel, de la partie rétros-
pective consacrant le centenaire, et des envois des étrangers à l’occasion de ce
Jubilé.

La partie rétrospective a pour objet un résumé du développement de la
 
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