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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 34.1886

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Nr. 5
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Michel, Émile: Gérard ter Borch et sa famille, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.19428#0420

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GÉRARD TER RO R CIL

403

Le goût des arts ne suffisait pas à remplir la vie de Moses et
l’un de ses carnets contient, à côté de ses croquis, des notes sur les
manœuvres militaires, avec des figures indiquant divers mouvements
stratégiques de troupes en campagne. Au moment de la guerre avec
les Anglais, le jeune homme, poussé par ses sentiments patriotiques,
demanda et obtint un commandement sur la flotte hollandaise. Son
portrait fait par Gesina peu de temps avant son départ nous le montre
en costume d’officier, avec sa gracieuse tournure, sa physionomie
aimable et ses traits assez semblables à ceux de sa sœur.

Au moment de quitter les siens, il avait été assailli par de sinistres
pressentiments, mais sans s’y arrêter il persistait dans sa virile
résolution. A peine arrivé à son poste, en vue d’Harwich, sur la Ta-
mise, il tombait frappé à la tète et au cœur de deux blessures mor-
telles, le 12 juillet 1667.

La mort du « jeune héros tué en combattant l’ennemi » avait été
vivement ressentie à Zwolle. Gesina surtout avait pleuré ce frère
chéri dont la perte la replongeait dans les tristes dispositions où plus
d’une fois déjà elle s’était complu. C’est avec une persistance singu-
lière qu’elle s’attacha de nouveau à cette idée de la mort qui lui était
douce et familière. Dans de nombreux dessins elle s’exerça à retracer
tous les incidents qui avaient marqué les derniers jours que Moses
avait passés au milieu des siens, ses courtes hésitations et son départ
avec un squelette assis à côté de lui, dans la barque qui l’emmène.
La solitude s’était faite peu à peu autour de la pauvre affligée. Elle
continua cependant à se livrer à son passe-temps favori, faisant les
portraits des siens, ceux des enfants de ses sœurs, ou cherchant à
entretenir autour d’elle des goûts qui lui restaient chers. Nous la
voyons donner à ses jeunes amies les premiers enseignements de la
peinture et recueillir lès modestes essais de leurs débuts. C’est vers
ce moment qu’elle s’est représentée elle-même vêtue de deuil. Sa
taille et ses traits se sont un peu épaissis, mais sous cette tenue
sévère, elle a encore grand air et conserve la distinction qui lui est
naturelle.

Jan Fabus, — introduit par Gérard dans quelques-uns de ses tableaux, notamment
dans la Leçon de lecture de la galerie Lacaze, a passé longtemps pour être le
portrait de Gérard lui-même. C’est sous cette désignation qu’il a été gravé par
Bartsch et placé par Charles Blanc en tête de la biographie du Maître. Un dessin
de Netscher, exposé au Louvre (n° 536), nous montre aussi les traits de ce J an Fabus,
et le fait n’a rien d’étonnant, car Netscher était à ce moment élève de Gérard Ter
Borch.
 
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