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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 34.1886

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Nr. 6
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Phillips, Claude: Les dernières acquisitions de la National Gallery: correspondance d'Angleterre
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https://doi.org/10.11588/diglit.19428#0510

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488

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

recueillant la manne dans le Désert, par le peintre ferrarais Ercole di Roberto
Grandi, réclame ensuite notre attention. Ce n’est pas une œuvre inconnue, car
elle sort de la collection de feu Lord Dudley ; il en existe à la galerie de Dresde
une répétition, ou plutôt une copie, fort inférieure à l’original et trop endommagée
pour qu’elle puisse servir de base à une comparaison (cat. 1884, n° 23, sous la
désignation : « Ecole Florentine »). Nous voyons le camp du peuple d’Israël
construit en bois, et formant un curieux emplacement pareil à celui d’une place
publique ; dans cette espèce d’arène, sous les yeux de Moïse et d’Aaron placés
debout à gauche du spectateur, hommes et femmes, dans les attitudes les plus
diverses et les plus hardies, se précipitent pour ramasser l’aliment céleste. C’est
l’œuvre d’un peintre fortement influencé, comme tous ceux qui, à la fin du
xv' siècle sortaient des écoles de Padoue ou de Ferrare, par le génie du grand
Mantegna, mais resté nonobstant original, et s’inspirant directement de la nature
humaine, dont il sait, avec une rare puissance, rendre les nuances infinies de
passion et de sentiment. Le style du tableau de la collection Dudley a une
analogie tout à fait remarquable avec celui de ce beau dessin du Louvre (collection
His de la Salle) qui a pour sujet Le Massacre des Innocents, — dessin attribué
aussi, et avec raison, à Ercole di Roberto. Un des principaux mérites de la
nouvelle acquisition est certes celui de prouver par l’analogie du style, et cela
d’une manière absolument satisfaisante, que la merveilleuse petite Cène acquise
par la Galerie en 1882, à la vente du duc d’Hamilton, ne peut être due à une autre
main qu’à celle de ce remarquable Ferrarais Cette Cène était alors assez ineptement
attribuée à Masaccio, mais à peine entrée dans la collection nationale, elle fut plus
justement classée sous la désignation de « North Italian School ». Presque tout
se ressemble dans ces deux admirables panneaux : les types si variés et si expressifs
des tètes, le coloris, le dessin des mains et des pieds aux doigts allongés, les
cassures des draperies ; seulement dans la Cène les lignes sont moins hardies et
moins simples, et l’ensemble est quelque peu moins moderne. Cependant, quoiqu’elle
ne soit pas également bien conservée, cette dernière œuvre a une valeur encore
supérieure à celle de l’acquisition récente. Devant les physionomies si émouvantes
et si expressives des apôtres on reconnaît combien est juste l’appréciation de
Vasari, qui en décrivant les fresques exécutées par celui qu’il appelle « Ercole
Ferrarese » dans la chapelle Garganelli, à Saint-Pierre de Bologne, dit : « E tra
« essi e una diversité, di teste maravigliosa, nel che si vede che Ercole con
« grundissimo studio cerco di farle tanto differenti l'una dall’ ultra, che non si
« somigliassino in cosa alcuna ». Quoique dans les spécimens typiques de la
manière du maître, c’est-à-dire dans les deux célèbres panneaux du Musée de
Dresde, le Calvaire et le Christ au jardin, autrefois à l’église San-Giovanni in
Monte de Bologne, - lesquels, avec une Pieté actuellement à la Royal Institution de
Liverpool, composaient la prcdella du maître-autel de cette église, — il soit facile de
reconnaître les mêmes caractéristiques de style que nous venons de signaler dans les
œuvres de la National Gallery, il convient cependant de noter certaines différences
intéressantes. Dans ces derniers tableaux, malgré que le sentiment soit profond et
d’une sincérité absolue, l’influence de Mantegna se révèle d’une manière plus claire
et plus directe, non seulement par les qualités générales du style, mais encore par
une imitation voulue et consciente des types, des procédés d’expression, et même
des motifs connus du maître. Les panneaux de la National Gallery et ceux de
 
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