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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 22.1899

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https://doi.org/10.11588/diglit.24686#0185

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BIBLIOGRAPHIE

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genre semblent même provenir, non de l’Emilie ou des Marches, mais de la
Lombardie et de la Vénétie.

Ce n’est pas non plus à Faenza qu’a vu le jour un grand plat du musée
de Ravenne, dont le marli est orné de seize médaillons où sont représentées
des scènes de la vie du Christ, et dans le fond duquel est figurée la Crucifixion.
Sans doute, ce plat rappelle beaucoup, par son dessin et son coloris, certaines
pièces attribuées à Faenza. Mais il en diffère par un détail très caractéristique :
tous les contours des figures y sont cernés par des bandes de couleur bleue
dégradée, qui les font ressortir très vivement sur le fond. Or, cetLe technique,
très spéciale, est particulière aux produits de Deruta ; le plat de Ravenne est
l’une des plus anciennes pièces connues que l’on puisse attribuer à ce centre de
fabrication.

M. Argnani a consacré plusieurs pages aux dix-sept coupes et assiettes
conservées au musée Correr, à Venise, objets très célèbres qui doivent être
comptés parmi les productions les plus remarquables de la céramique euro-
péenne de tous les temps. Malheureusement, ne connaissant pas divers travaux
publiés récemment en Allemagne, il s’est attaché à prouver que ce service, à
cause d’un monogramme peint sur une de ses pièces, doit avoir été décoré à
Faenza, en 1482, d’après des cartons fournis par quelqu’un des peintres faentins
de celte époque. Or, il n’est, en premier lieu, aucunement prouvé que ce service
ait été fabriqué à Faenza : les juges les plus compétents, notamment M. Moli-
nier et M. Otto von Falke, l’attribuent à un atelier de Castel-Durante, celui
de Niccolô da Urbino ; d’autre part, on a constaté que plusieurs des sujets
représentés sur ces assiettes sont empruntés aux planches d’un Ovide publié à
Venise, en 1497, par Zoane Rosso ; de sorLe que la date 1482, que porte l’une des
assiettes, ne peut pas être celle où tout le service a été exécuté, mais doit sim-
plement être celle d'une des gravures qui ont servi de modèle au céramiste. Le
service a très probablement été fait au commencement du xvie siècle ; d’autres
produits du même atelier, inconnus à M. Argnani, portent la date de 1520.

L’album qui accompagne le livre de M. Argnani constitue la partie la plus
importante de son ouvrage. Ses quarante planches en chromolithographie,
exécutées avec grand soin, donnent une idée exacte des objets qu'elles repré-
sentent et font le plus grand honneur au talent de leur auteur. Elles constituent,
pour l’histoire de la céramique italienne, un des plus précieux recueils de monu-
ments qui aient encore été publiés.

Le travail du savant conservateur de la Pinacothèque de Faenza rendra de
grands services aux nombreux amateurs qui recherchent les majoliques ita-
liennes du xv° siècle et du commencement du xviu. S’il n’est pas aussi parfait que
nous l’eussions espéré, cela tient à ce que son auteur n’a jamais passé les Alpes.
Or, ce n’est pas en Italie que l’on peut étudier aujourd’hui le plus facilement la
céramique italienne : il est impossible d’écrire un bon livre sur les majoliques
sans connaître les collections publiques et privées de Londres, de Berlin et de
Paris.

JEAN-J. MARQUET DE VASSELOT
 
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