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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 34.1905

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Kleinclausz, Arthur: Les prédécesseurs de Claus Sluter
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https://doi.org/10.11588/diglit.24816#0048

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38

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

Vers la même époque, Philippe le Hardi se faisait suivre à Gand,
puis à Dijon, par un autre artiste tournaisien, Nicolas de Haine, et
l’employait, aux gages élevés de six gros par jour, pour faire « cer-
tains ymaiges de pierres » et des parlies de sa sépulture l.

De cet ensemble de faits, qu’il n’est point possible de nier, il
résulte avec la plus entière évidence qu’il y eut invasion de sculp-
teurs flamands en Bourgogne dès le milieu du xiv° siècle et que le
nombre de ces sculpteurs ne fit que grandir par la suite. Dès lors, on
peut constater « le caractère profondément différent de la sculp-
ture belge... et de la sculpture de l’école de Dijon », et, à propos de
l’art de Sluter, affirmer qu’ « aucun monument ne l’annonce en Bel-
gique dans les monuments antérieurs, aucun n’y fait songer dans
ceux qui sont contemporains 2 ». A cette observation, dont j’ai pu
vérifier la justesse dans un récent voyage, s’en oppose une autre :
comment ces ateliers flamands dont nous venons d’établir l’exis-
tence auraient-ils abouti à un art qui ne rappelât en rien leur pays
d’origine? Au fond, la contradiction n’est qu’apparente, car la scul-
pture belge du xive siècle telle que nous la connaissons n’est pas
la sculpture belge telle qu’elle se présentait avant les fureurs icono-
clastes, dont l’épisode marquant fut le sac de Tournai du 23 août 1566:i.

Claus Sluter a eu — la chose est pour nous certaine — des
précurseurs qui ont préparé le terrain et fait connaître en Bour-
gogne le mode d’art importé des Pays-Bas, florissant depuis quelque
temps déjà à Paris et dans l’Ile-de-France. C’est parmi ces ouvriers
de la première heure qu’il faut chercher les auteurs inconnus des
tombeaux de Fontenay et de Saint-Seine. Celui de Fontenay se place
vers le milieu du xiv° siècle ou un peu après; celui de Saint-Seine
était fini en 1406, puisque Guillaume de Vienne, qui l’avait fait pré-
parer de son vivant, au témoignage de Dom Plancher, mourut le
18 février 1406 b En décembre 1410 seulement, Claus de Werve
réussit « à parfaire et asseoir » la sépulture de Philippe le Hardi8.
Ainsi les tombeaux de Fontenay et de Saint-Seine apparaissent
comme les prototypes des tombeaux des ducs de Bourgogne.

A. KLE1NCLAUSZ

1. Monget, La Chartreuse de Dijon, t. II, p. 119.

2. R. Kœchlin, art. cité, p. 404.

3. M. Kœchlin, dans le passage cité plus haut, dit d’ailleurs: « la sculpture belge,
telle que nous la montrent les monuments subsistants ».

4. Dom Plancher, Histoire générale du duché de Bourgogne, t. Il, p. 384.

5. Monget, La Chartreuse de Dijon, t. I, p. 374.
 
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