Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 34.1905)

CORRESPONDANCE D’ITALIE

L’EXPOSITION D’ART BYZANTIN
A L’ABBAYE DE G R OTT A FEIÎ R AT A

A la lin du xc siècle, vivait dans un monastère de l’ordre de saint Basile, aux
environs de Rossano,un solitaire, le moine saint Nil, vénéré pour l’éclat de
ses vertus chrétiennes et pour la profondeur de sa doctrine. Des incursions
sanguinaires de Sarrasins dévastaient en ce temps le sud de l’Italie, répandant
partout le deuil et la désolation, si bien que son ardent désir de paix poussa Nil
à abandonner sa patrie et à chercher avec les quelques moines qui vivaient avec
lui sous la règle de saint Basile un asile plus sûr et plus pacifique. Ils vinrent alors
habiter en Campanie, où ils vécurent quelques années jusqu’à 1004; puis le désir
de visiter la tombe des Apôtres les conduisit à Rome. Ils en revenaient quand,
à la tombée de la nuit, aux environs de Tuscolo, saint Nil s’abrita dans une
grotte obscure peu éloignée de la ville. Ses heures d’insomnie se passaient en
ferventes prières; tout à coup la Vierge lui apparut, l’exhorta à élire ce lieu
comme demeure définitive et l’invita à lui élever un temple dont le fondement
serait une pomme d’or qu’elle lui remit.

Le vénérable ermite se conforma à la volonté divine et déjà, par ses soins
assidus, et grâce aux larges contributions des fidèles, un temple consacré
à la Vierge commençait à s’élever quand, le 26 septembre 1006, au coucher du
soleil, le saint mourut chargé d’années, au milieu des regrets et de la vénération
universelle. Né de cette humble et lointaine origine, le monastère basilien de
Grottaferrata s’éleva rapidement dans les deux siècles suivants à un degré de