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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 34.1905

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Nr. 1
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Boppe, Auguste: Les "peintres de turcs" au XVIIIe siècle, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24816#0066

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

ne pouvoir mieux débuter qu’en gravant le Turc amoureux et la
Belle Grecque de Nicolas Lancret. Carie Yanloo, rentrant vers la
même époque en France après un assez long séjour en Italie, se
conforma à la mode et habilla en Turcs les premiers personnages
qu’il présenta au public. Il devait d’ailleurs y être encouragé par le
succès qu’avait remporté à Rome le tableau qu’il avait peint pour
un grand seigneur anglais et qui représentait à sa toilette une
femme orientale, morceau « également intéressant», dit le biographe
de l’artiste1, « par les grâces de l’attitude, par le coloris des carna-
tions, et par la beauté des linges, des étoffes et des accessoires »,
mais, d’après Diderot2, célèbre surtout par la singularité de l’un de
ces accessoires : « un bracelet porté à la cuisse ». Cette recherche
de l’étrangeté ne se retrouve pas dans les deux tableaux exposés au
Salon de 1737, et les costumes orientaux n’y semblent employés que
pour profiter de la mode et attirer ainsi davantage l’attention sur
des œuvres qui devaient, comme dans Le Bacha faisant peindre sa
maîtresse, montrer l’artiste lui-même travaillant en pleine posses-
sion de son talent, ou, comme dans Le Bacha donnant un concert à
sa maîtresse 1 2 3, faire voir aux Parisiens, qui en raffolaient, la jeune
Mnic Yanloo, Christine Somnis, « la Philomèle de Turin », dont le
peintre avait su, au dire d’un poète ami,

.sur la toile, animer le gosier enchanteur.

1. Vie de Carie Vanloo, par Dandré-Bardon, Paris, 1765.

2. Diderot, Salon de 1765.

3. Le premier de ces deux tableaux fut peint pour M. de Jullienne; il porte le
n° 266 du Catalogue raisonné de... M. de Jullienne par Pierre Rémy, Paris, 1767. 11
a été gravé en 1748 par Lépicié. On le trouve en 1801 dans le cabinet du citoyen
Robit qui l’avait acquis à la vente de Presles. Le second, peint pour M. Fagon, et
qui a appartenu au roi de Prusse, est conservé maintenant dans la collection Wal-
lace, n° 451. Il a été gravé en 1765 par G.-A. Littret. Demarteau en a également
reproduit un fragment. Dans le cabinet de M. Godefroy, vendu en 1785, se trou-
vait une copie du Concert turc, et le catalogue de la collection de tableaux
vendue le 6 décembre 1787, mentionne sous le n° 42 : « Le concert du Grand
Seigneur; ce tableau acheté à la vente de feu Carie Vanloo n’était pas terminé.
L’acquéreur le fit depuis finir par M. Garesme. C’est une vérité de laquelle les
yeux exercés en peinture ne pourront douter. »

M. de la Live possédait un autre tableau oriental de Carie Vanloo : Le Contrat
de mariage turc. « Ce tableau», dit le Catalogue historique du cabinet de M. de la Live,
p. 79, « est tout à fait dans le goût de M. Rimbrandt, tant pour la touche que pour
l’intelligence de la lumière. 11 peut même passer pour un pastiche de ce maître.
Il est fort bien gravé par Mme Lépicier. » On retrouve ce tableau à la vente du
cabinet Choiseul-Praslin (28 février 1793) sous le n° 166.
 
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