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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 34.1905

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https://doi.org/10.11588/diglit.24816#0104

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88

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

dont les estampes en couleurs passent à juste litre pour des chefs-d’œuvre.
M. Migeon a insisté avec raison sur la peinture et il lui a fait dans son livre une
très grande place, car c’est à la fois le moins connu et le plus captivant des
arts du Japon. Les planches de sculpture, avec ces figures d’un implacable réa-
lisme, jamais communes pourtant, ne sont
guère moins intéressantes; puis ce sont les
laques, cet art véritablement national et uni-
que où la patience du Japonais d’autrefois a
obtenu les plus surprenants effets de matière
et de couleur; ces grès aussi, dont la gravure
ne permet de juger que de la forme, mais cette
seule forme est parfois d’un caractère et d’une
originalité singulières; les pièces d’armement
enfin : casques, gardes de sabre, manches de
couteau, de l’art le plus robuste ou le plus déli-
cat, sans oublier les étoffes, dont la somptuosité
n’a d’égale que celle des velours de l’Orient,
mais avec plus de fantaisie et de grâce. Nous
ne pouvons citer aucun objet en particulier et
il nous faudrait dire les noms de tous les col-
lectionneurs si nous en nommions un; mais il
n’en est aucun qui ait refusé à M. Migeon
l’accès de ses galeries, et c’est la plus variée et Ja plus agréable des prome-
nades qu’il nous y fait faire.

La promenade n'est d’ailleurs pas seulement agréable, elle est aussi
extraordinairement instructive, et si nos ouvriers d’art veulent bien étudier ce
livre, ils en tireront profit. Le Japon est pour eux une admirable école. Non certes
que nous les engagions à le copier: toute copie est mauvaise, et l’une vaut l’autre;
mais le naturalisme japonais, si individuel et si loin de toute convention, est
pour eux le meilleur exemple. Tous les visiteurs du Musée des Arts décoratifs,
récemment ouvert, ont été frappés de l’extrême pauvreté d’invention des
céramistes du second Empire, comme aussi de la renaissance qui a suivi avec
des artistes tels que M. Bracquemond, Mme Camille Moreau, ou Gallé ; or, qu’on y
regarde de près : c’est le Japon qui est au fond de cet art régénéré, c’est lui
qui a réappris la fantaisie aux artistes enlizés dans la convention et l’imitation.
Et les céramistes ne sont pas seuls à avoir profité du Japon; tous, dessinateurs
d’étoffes ou ciseleurs, tout ce qui est vivant dans notre art, se sont mis à son
école. Il leur manquait parfois de connaître bien cet art dont ils s’inspiraient et
d’en avoir sous les yeux des exemplaires de choix; le livre de M. Migeon comble
cette lacune et, tout à fait intéressant pour les historiens et les amateurs, il doit
s'adresser aussi aux ouvriers qui n’y trouveront que d'utiles et salutaires leçons.

P O H T R A I T prêtre assis

STATUE EN BOIS
JAPON, Xvr-XVII’ SIÈCLE
(Collection do M. Ed. Aynard.)

RAYMOND KŒCHL1N

L’imprimeur-gérant : J.-F. Schnkrb.

PARIS. — IMPRIMERIE DE LA « GAZETTE DES BEAUX-ARTS », 8, RUE FAVART,
 
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