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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 34.1905

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Nr. 2
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Bertaux, Émile: Les artistes français au service des rois angevins de Naples, 2, Les châteaux de Charles Ier
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https://doi.org/10.11588/diglit.24816#0106

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

de l’empereur impie était, pour le frère de saint Louis, le « Sultan
de Lucera »; lui-même avait voulu transmettre son nom à la postérité
par la fondation de « Manfredonia ».

Lucera restait, après la mort de Manfred, le foyer de la résistance
gibeline dans l’Italie du Sud. Elle fut deux fois assiégée, avant et
après la bataille suprême de Tagliacozzo. Quand Charles d’Anjou
eut réduit les musulmans à capituler, il ne songea point à les exter-
miner. Il les prit à sa solde et les fit guerroyer sous ses capitaines
français, au mépris des objurgations réitérées par les papes. La
forteresse fut traitée aussi favorablement que ses défenseurs. Leroi
ne se contenta pas de faire réparer les brèches que ses propres
engins avaient ouvertes dans les murailles : il fit rebâtir une
partie de l'enceinte. La première mention des travaux remonte au
14 septembre 1270 L Charles d’Anjou s’occupait de fortifier la ville
des musulmans d’Italie trois semaines après que son frère, le roi
de France, eut succombé devant Tunis, au commencement d’une
dernière croisade.

L’année suivante, le roi fait rassembler à Manfredonia quatre-
vingt fabricatores et cinquante architecti Ceux-ci achevèrent
d’abord les maisons et les tours dont la construction avait été laissée
en suspens. Puis, de 1277 à 1282, le roi fit bâtir l'enceinte, avec
deux châteaux, dont l’un commandait le port, et dont l’autre, élevé
dans l’intérieur des terres, regardait Foggia 1 2 3. Sans doute, en
terminant l’œuvre de son ennemi, le roi français lui déniait la
gloire de l'entreprise: Manfredonia avait reçu dès l’année 1270 le
nom officiel de Sipontum Novellum. Mais la tradition l’emporta.
Avant la fin du règne de Charles Ier, la ville fortifiée par lui reprit,
dans les actes mêmes de la chancellerie angevine, le nom de son
fondateur.

Frédéric II avait été un si grand bâtisseur de châteaux que son
successeur put négliger les constructions militaires. Charles Ier, après
Manfred, utilisa la plupart des châteaux impériaux et des citadelles
normandes qui étaient encore debout; mais il entreprit dans plu-
sieurs forteresses des travaux importants et de véritables recon-
structions. Sur le littoi’al apulien, les deux châteaux de Barletta et

1. Reg. ang., 1269 D, n° 6, f° 87. Cf. Mélanges de l’École de Rome, t.XV, année
1895, p. 431, n° 2.

2. Acte du 9 mai, dans Schulz, doc. LXX1X.

3. Voir les textes cités par Minieri-Riccio (Archivio storico italiano, 3a série, I,
p. 8 et 22b; H, p. 430) et par Schulz (t. IV, doc. CXXXIX, CXLV, CLXI, CLXV).
 
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