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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 34.1905

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Nr. 2
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Bénédite, Léonce: Whistler, [3]: artistes contemporains
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https://doi.org/10.11588/diglit.24816#0181

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WHISTLER

157

Albert Moore exerça certainement un réel prestige sur Whistler.
Dans cette lettre de 1866, où il est question de la Symphonie en
blanc n° 3 et de cette peinture de « nous autres », mais dans une
partie de cette lettre-journal, antérieure au mois d’août, Whistler
parle à Fantin de son nouvel ami. Il a pris, dans l’amitié de Whistler,
la place tenue par Legros. Car, dans ce milieu d’individualités trop
entières, les froissements se produisirent bientôt et l’accord parfait
ne régna pas longtemps. On sait toutes les malheureuses brouilles
qui séparèrent plus tard les divers membres de ce groupe primitif
des réalistes qui avaient entre eux de si fortes affinités de tempéra-
ment. Albert Moore remplace donc Legros dans la fameuse « So-
ciété des Trois ». Dans un excès d’orgueil juvénile, Whistler pro-
phétise l’avenir réservé aux trois amis. Après avoir manifesté son
contentement du retard apporté au projet d’exposition en commun
préparé avec Fantin, il ajoute : « Ta lettre m’a fait un vrai plaisir.
Au fond, nous deux, nous prenons le devant. C’est comme aux
grandes courses, comme au Derby. C’est le pur sang qui gagne! Je
crois que nous pouvons maintenant en être sûr. Le champ est à
nous. La race pure reparaît en nous. » Et — qu’on lui pardonne
son injustice ou son manque de discernement! —• il trouve que leur
ancien camarade « reste déjà en arrière ».

« 11 y a», ajoute-t-il, « un autre seulement digne de nous. Ce troi-
sième, c’est le jeune Moore, dont je t’ai si souvent parlé. Et c’est
joli », conclut-il par une réflexion générale qui ne brille guère par la
modestie et en faisant allusion à la nationalité de Fantin dont la
mère était Russe, « c’est joli de voir ainsi la Russie, l’Angleterre et
l’Amérique fournir chacune une continuation des vraies traditions de
la peinture au xixe siècle. »

L’influence d’Albert Moore sur le tableau de la Symphonie en
blanc n° 3 est si manifeste qu’il est vain et superflu d’insister. Cette
sorte d’inspiration antique ou anglo-grecque, confondue à ses sou-
venirs japonais, a donné les esquisses des six « schemes, de M. Charles
Freer, où Vénus sortant des flots se mêle aux groupés de jeunes
filles drapées à la grecque et s’éventant avec des écrans japonais; elle
a donné surtout naissance à cet étrange petit monde d’une Tana-
gra, située dans le voisinage de la Cythère de Watteau ou d’une Pom-
péi assise au pied d’un volcan qui n’est plus le Vésuve, mais le
Fujiama; singulier et charmant petit monde de figures nues ou
demi-nues, qu’il essaie en plus grand format en peinture, mais
surtout qu’il adopte,, pour ses pastels et ses lithographies. Ce sont
 
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