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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 34.1905

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Nr. 3
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Godet, Philippe: Un portrait inédit de La Tour
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https://doi.org/10.11588/diglit.24816#0234

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208

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

L’attention fut ainsi ramenée un moment sur cette spirituelle
Hollandaise, devenue Suisse par son mariage et qui tient une place
d'honneur dans la littérature du petit « pays romand ».

Au temps où elle était encore Mlle de Tuyll de Zuylcn *, Mmc de
Charrière avait été peinte par La Tour. J’ai publié dans la Revue
des Deux Mondes du lo juin 1891 des lettres qu’elle adressait, en
1766, à M. de Constant d’Hermenches (oncle de Benjamin), officier
au service des Etats Généraux. Voici les passages qui se rapportent
à La Tour.

Dans une lettre écrite du château de Zuylen, près Utrecht, datée
« Dimanche matin », et qui doit être du mois d’août 1766, elle dit :
« Depuis quinze jours, je passe toutes les matinées chez mon oncle
et j’y dîne avec La Tour quand il a travaillé deux ou trois heures à
mon portrait. Je ne m’ennuie point, parce qu’il sait causer; il a de
l’esprit, et il a vu bien des choses, il a connu des gens curieux... Je
lui donne une peine incroyable, et quelquefois il lui prend une
inquiétude de ne pas réussir, qui lui donne la fièvre, car absolument
il veut que le portrait soit moi-même. »

Les séances furent interrompues par un séjour que Mllc de Tuyll
fit au château de Middagten, chez des amis. Il lui arriva alors un
petit accident, qu’elle mentionne dans une lettre datée Septembre :

« J’ai pensé me rompre la cuisse en tombant d’un tabouret sur
lequel j’étais montée... Mais cela ne m’empêcha de rire qu’un petit
moment, et, au lieu de me plaindre, tout le monde en était bien aise,
parce que je ne pouvais partir. On déjeunait, on jouait sur mon lit...
J’y serais encore sans M. de La Tour, qui avait recommencé mon
portrait et qui s’impatientait de m’attendre... Tous les moments
que je ne suis pas obligée de donner au portrait, je les donne à ma
cuisse... »

Elle se trouve bientôt assez rétablie pour faire avec La Tour une
promenade qu’elle raconte en ces termes :

25 septembre 1766... « Nous menâmes dimanche La Tour à Zyst1 2,
pour lui faire entendre les Hernutes : cela est admirable dans son
genre. Nous vîmes dans ce bois lo coucher du soleil, des taches de
feu sur ces beaux arbres, et entre les feuilles une lumière rouge

1. On l’appelait familièrement Belle de Zuylen, et c’est sous ce nom que nous
la désignerons.

2. Ou Zeist, à deux heures de marche d’Utrecht; il y existe une importante
communauté morave : les Hernutes (de Herrnliut, en Saxe, berceau de la secte
fondée en 1722 par Zinzendorf).
 
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