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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 34.1905

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Nr. 3
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Bénédite, Léonce: Whistler, [4]: artistes contemporains
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https://doi.org/10.11588/diglit.24816#0264

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

sive de la ligne, de l’arabesque, la mise en place et la disposition
du sujet; conditions auxquelles il attache une importance de pre-
mier ordre. Et l'on peut concevoir le retour qu’il soit amené à
faire vers les pratiques d’Ingres, qui est un des rares maîtres
modernes ayant compris à ce point l’importance de ces éléments du
dessin et de la composition dans ses portraits.

C’est pourquoi — vous pouvez regarder la série de ses grandes
œuvres : sa Mère, Carlyle, Miss Alexander ou Lady Archibald
Campbell, Rosa Corder ou Sarasate, — malgré la désignation musicale
qui accompagne le titre, ce qui nous frappe au premier abord, c’est
incontestablement la mise en toile, la silhouette du personnage,
l’arabesque fermement écrite qu'il dessine sur le fond, la disposition
voulue, raisonnée des rares accessoires qui l’entourent. Cette forme
du dessin prime même chez lui celle du modelé, car il a horreur de
la saillie, du portrait qui sort du cadre; il l’éloigne même autant
que possible sur un second plan, suivant l’habitude qu’il a déjà
contractée, d’après Velâzquez et les Japonais, en peignant la Fille
blanche. A l’encontre de son ami Fantin, qui use de toutes les délica-
tesses du clair-obscur pour déterminer les volumes des corps, il ne
prend du modelé que juste ce dont il a besoin pour exprimer le
relief nécessaire à détacher doucement la figure du fond.

On pourrait donc dire, sans être taxé de paradoxe, qu’à partir de
cette date Whistler est surtout un dessinateur. Il est loin, certes,
de le penser lui-même, car c’est là son éternel souci, c’est là la
grande lacune qu’il se reproche. Il se prend pour un coloriste et,
comme il dit, dans une lettre à Fantin datant de 1871, où il parle
de lui envoyer une photographie du portrait de sa mère, récemment
exécuté, s’il a « fait des progrès », c’est dans la science de la cou-
leur : « c’est dans la science de la couleur, que je crois avoir
presque entièrement approfondie et réduite à un système. »

Ce système, nous le connaissons. 11 l’avait esquissé avec les
Filles blanches. Il l’adopta tout le restant de sa vie ; bien mieux, il
essaya d’y faire entrer tout son passé et il donna à des toiles très
anciennes, comme le Music room, des dénominations harmoniques :
« harmonie en gris et vert », qui surprennent quelque peu, étant
donné que l’application en paraît restreinte juste à un point du
tableau. Ce système, nous le savons, se résume à un rapprochement
de la peinture et de la musique, à l’observation méthodique des
analogies qui existent entre les accords des tons et les accords des

sons.
 
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