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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 34.1905

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Nr. 4
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Marcel, Pierre: Les peintures décoratives de l'Église des Invalides et de la chapelle de Versailles
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https://doi.org/10.11588/diglit.24816#0298

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266

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

tion française. Quoique des artistes de valeur très inégale y aient
collaboré sans doute, l’ampleur de la conception générale, l’unité
et l’harmonie de la composition sont très remarquables.

Le premier projet pour les Invalides est arrêté du vivant de
Louvois, et Mansart, quelles que soient ses préférences, est soumis
d’abord aux volontés du ministre autoritaire. Il semble invraisem-
blable que Louvois ait voulu confier le travail colossal du dôme, des
panaches, des chapelles au vieillard de quatre-vingt-trois ans qu’est
alors Mignard, son favori. En mai 1691, il lui demande pourtant
des idées, des conseils, et deux mois après Mignard apporte une
esquisse complète de la décoration qu’il promet d’achever rapide-
ment1. Mais Louvois meurt sur ces entrefaites. « Ce n’est que plus
de huit années après qu’on commence... à peindre la coupe et les
chapelles, » tant les finances étaient mal en point : c’est pourquoi
Mignard n’en fut pas chargé, écrit l’abbé de Montville. D’autre part,
on lit dans les Mémoires inédits sur la vie et les ouvrages des
membres de /’Académie de peinture : « M. Mignard... était si âgé que
M. Mansart... ayant écrit [à Charles de La Fosse] qu’il n’y avait
que lui qui pût peindre l’église des Invalides qu’il venait d’achever,
M. de La Fosse se trouva dans la nécessité de... revenir à Paris2 ».
Ce sont les Mémoires inédits qu’il faut croire. La Fosse revient
d’Angleterre en 1692 et commence aussitôt ses esquisses. Mignard
vit encore, et, infatigable, travaille tou jours. Dès la mort de Louvois,
on ne songe donc plus à lui confier les Invalides. Le surintendant
Villacerf, faible et sans volonté, était incapable d’une telle initiative :
c’est Mansart, déjà tout-puissant, qui impose certainement ses plans
et son peintre.

Mansart choisit La Fosse, par amitié personnelle avant tout : il
ne manque pas une occasion de servir ses protégés. De plus il com-
prend que seule la fresque ne rompra pas l’harmonie de ses voûtes
de pierres nues, et, en dehors du vieux Mignard, La Fosse est le
seul fresquiste connu : ses travaux à la chapelle des Mariages à
Saint-Eustache, à la voûte de la chapelle domestique d’Amelol de
Biseul, à la voûte du chœur et dans une chapelle des religieuses de
l’Assomption (rue Saint-Honoré) ont établi sa réputation. Mansart
songe d’abord à lui confier la décoration entière de l’église : coupole,
panaches, chœur, chapelles, pour réaliser l’unité d’exécution, comme
il assure l’unité de conception. En 1692, La Fosse donne des esquisses

1. Abbé de Montville, Vie de Pierre Mignard, Paris, 1730, in-12, p. 163 et suiv.

2. Mémoires inédits, Paris, 1834, in-8, t. II, p. 4.
 
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