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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 34.1905

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Nr. 4
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Bertaux, Émile: Les artistes français au service des rois angevins de Naples, 3, Les monastères et les églises fondés par Charles Ier
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https://doi.org/10.11588/diglit.24816#0352

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314

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

après la conquête, le soin de remercier dignement son allié, le Tout-
Puissant. C’est en fondant des monastères qu’il « rendit grâces et
honneur au Souverain Père dont il avait reçu les rênes du royaume,
et par lequel il avait vaincu et régnait *. »

Charles d’Anjou se trouvait encore sous les murs de Lucera
assiégée lorsqu'il donna en 1269 l’ordre d’édifier un monastère sur
le champ de bataille de Bénévent1 2, où il avait remporté la victoire
décisive dont la victoire de Tagliacozzo n’avait été que le complé-
ment. Non loin du tertre où ne reposaient plus les restes de Man-
fred, exhumés par le légat du pape Clément IV, la « maison
de prières » fondée par le vainqueur devait s’élever comme un
trophée.

Le monastère de Bénévent n’a pas laissé de ruines ; il ne semble
pas qu’il soit sorti du sol. Mais la double pensée de piété et
d’orgueil qui avait inspiré cette fondation avortée ne resta point
stérile. Le projet, abandonné en apparence pendant quelques années,
grandit dans l’esprit du roi. En l’année 1274, Charles d’Anjou fonda
simultanément deux abbayes de l’ordre de Citeaux destinées à com-
mémorer l’une et l’autre de ses deux victoires.

Pour le monastère qui devait rappeler la journée de Bénévent,
un terrain fut choisi au sud-est de Naples, derrière le Vésuve, entre
Boscoreale et Scafati, sur un sol qui était alors sans gloire. Le
second monastère s’éleva, non loin de Scurcola et de Tagliacozzo,
dans la haute plaine des Abruzzes, enclose de montagnes
farouches, où les armées de Charles d’Anjou et de Conradin s’étaient
heurtées.

En fondant ces monastères, Charles d’Anjou se conformait aux
pieuses traditions de sa famille. Les noms mêmes qu’il donna aux
monuments qui devaient rappeler les victoires de Bénévent et de
Tagliacozzo furent pris de deux monastères fondés un demi-siècle
auparavant par des rois de France. L’abbaye élevée au pied du
Vésuve fut appelée « Sainte-Marie de Royalval3 », en souvenir de
l’abbaye cistercienne de Royaumont, que Louis IX, le frère de Charles
d’Anjou, avait bâtie dans le diocèse de Beauvais en exécution des

1. « Ob reverentiam summi Patris a quo regni gubernacula suseepimus et per
quem vicimus et regnamus. » Reg. 1272 B, n° 14, f° 214 (det Giudice, Codice
diplom., II, p. 192, en note, doc. IV).

2. Reg. 1272 B, n° 14, f° 18 (Schulz, doc. XLVIII).

3. Reg. 1267 (perdu); indiqué, d’après la copie de De Lellis, par Minieri-
Riccio, Brevi nolizie intorno ail’ Archivio angioino, p. S.
 
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