Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 34.1905)

CORRESPONDANCE DE BELGIQUE

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bustes de Reyer et de Falguière par M. Marqueste, le groupe magistral que
M. Charles Paillet intitule Les Deux Amis — une guenon et un chien, — le Saint
Jean de M. de Saint-Marceaux, enfin le buste de si belle allure de M. Harpignies,
par M. Theunissen, et la sculpture en bois de M. Savine. A ces œuvres marquantes
s’ajoutent de délicieuses et multiples figurines dispersées dans les salles ou dis-
posées dans les vitrines : ivoires et pierres fines taillées par M. Lalique, terres
cuites, cires durcies, la charmante figurine Dans les champs, de M. Vernhes,
l'Éléphant terrassant un crocodile, par M. Navellier, la Ruade, de M. Jacques Fro-
ment-Meurice, le Souffleur de verre, par M. Fernand Clostre, plus qu’il n’en faut,
certes, pour donner aux salles françaises un attrait qui, depuis leur ouverture,
est allée croissant.

La sculpture hollandaise, sur cinq exposants, compte deux femmes: Mmc Tol-
lenaar Ermeling, fixée à Paris, Mn° van Dantzig, de Rotterdam. Le buste-portrait
de jeune garçon par Mme Tollenaar, un morceau caractéristique de son origine
hollandaise, a, tout ensemble, beaucoup de distinction et beaucoup de vie. Le jury
lui a attribué une seconde médaille. La statue de Mllc van Dantzig, Le Petit joueur
de billes, de formes délicate et de pose ingénieuse, — car l’enfant est debout ■—
a mérité à son auteur une troisième médaille. Les petits bronzes de M. Ch.
van Wyck de La Haye, particulièrement L’Appel, un pêcheur hollandais, et
Paysan portant sa faux, deux sujets traités également par Meunier avec plus
d’héroïsme, sont parmi les bonnes productions du genre.

Des quatre sculpteurs mis en ligne par la Russie, les deux principaux datent
leurs œuvres de Paris. M. Bernstamm expose même tout un panthéon de célé-
brités françaises : Ernest Renan, Edmond Rostand, Coquelin aîné, E. Détaillé.
M. T romson expose, lui également, de beaux bustes, alternant avec des statuettes;
Le buste de bronze de Tolstoï est un morceau de grand style. M. Elie Guntz-
bourg fait de l’illustre écrivain une statuette remarquable. Enfin M. Signayeff,
élève de Dalou, a de bons bustes et statuettes.

Comme la sculpture russe, la sculpture bulgare est plutôt anecdotique,
d'ailleurs intéressante sous le rapport ethnographique. M. Boris Schatz, expressif
et habile, donne à ses petits bronzes de l’esprit et de l’allure. Une troisième
médaille lui est échue.

Dans la section italienne, M. Sortini envoie de Paris un ensemble de figures,
bas-reliefs, bustes et figurines, marqués au coin d’une adresse tout italienne. On
sait à quel point cette sculpture tombe souvent dans l’industrie; M. Sortini a su
conserver à son art la dignité nécessaire. On peut du reste en dire autant de ses
- cinq confrères, dont l’un même, M. Ceccarelli, de Florence, obtient une troisième
médaille pour une figure de saint.

De même, les États-Unis obtiennent une récompense en la personne de
M. Bartlett, auteur d’un remarquable torse de femme.

Le bilan de la sculpture, en somme, montre la statuaire en progrès, l’on pour-
rait dire partout. Ce progrès n’est peut-être pas sans limite. Une chose, néan-
moins, demeure évidente : la libération de l’art en général, de la sculpture en
particulier, du dogmatisme qui si longtemps paralysa son effort. Dans tous les
domaines de l’art, enfin, l’esprit a triomphé de la lettre.

HENRI HYMA N 3