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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 34.1905

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https://doi.org/10.11588/diglit.24816#0388

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

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porte?), on ignorait encore bien des faits de leur histoire, bien des détails de
leur fabrication. Le dernier auteur qui ait traité cette question, M. Fouque,
avait essayé d’apporter la lumière sur les points obscurs et d’écrire son livre
avec pièces à l’appui : par malheur, il y avait mis trop de partialité vis-à-vis
de ses ancêtres faïenciers, et puis ses recherches avaient été vraiment trop
incomplètes.

11 appartenait à M. l'abbé Requin, déjà si avantageusement connu par ses
découvertes sur les artistes d’autrefois, de combler, je ne dirai pas toutes les
lacunes, mais la plus grande partie, et d’écrire une histoire tout à fait définitive
de la faïence artistique de Moustiers. Grâce aux abondantes archives notariales
qu’il a eu le soin de compulser .entièrement, grâce aux archives paroissiales et
communales qu’il a explorées à fond, il a pu non seulement retracer la biogra-
phie des fabricants et de leurs collaborateurs, apprentis, tourneurs, peintres,
mais encore montrer leurs procédés de fabrication, de décoration, de cuisson, puis
d’expédition et de vente des pièces ouvrées par eux.

Les origines d’un art comme celui-ci et les débuts de la transformation d’un
atelier de potier en celui de faïencier sont toujours difficiles à saisir; pourtant,
M. l’abbé Requin est parvenu à reconnaître que Moustiers, au milieu du
xvne siècle, était un véritable centre pour la fabrication de poteries plus ou
moins grossières, d’usage vulgaire, souvent sans émail ou recouvertes d’un émail
épais et sale. C’est à l’un des ouvriers adonnés à ce métier, à Pierre Clérissy,
alors âgé de vingt-huit ans environ, que le titre de faïencier fut donné pour la
première fois à Moustiers, le 24 avril 1679. 11 était enfant du pays, fils et petit-
lils d’autres potiers de terre; même on ne le voit pas aller au dehors faire son
apprentissage.

Chose remarquable : la même année, son frère aîné Joseph, établi à Marseille,
recevait la qualification de « maître faiseur de fayance », sans que l’on sache
davantage à quelle école il s’était instruit. La tradition veut, il est vrai, que des
religieux Servîtes, établis à Moustiers, aient communiqué leur secret aux Clé-
rissy; le fait est-il vrai? Qui le saura jamais? La découverte d’une Vierge en
argile, moulée en pleine pâte, recouverte d’un émail grossier, peinte de diverses
couleurs et portant sur son socle (reproduit en tête de cet article) les initiales
P. C. avec la date de 1668, donne lieu cependant de supposer que, dès ce mo-
ment, Pierre Clérissy se livrait à des essais de son nouvel art.

Nous n’avons pas à suivre ici la destinée de chacun des maîtres fabricants
signalés; il serait trop long d’esquisser seulement la carrière des Clérissy,
dont le dernier, devenu seigneur de Trévans et de Saint-Martin, continuait à faire
marcher sa manufacture malgré son anoblissement et le titre de secrétaire du
roi qu’il avait reçu ; des Viry, qui ont décoré de leurs peintures tant de pièces
remarquables ; de Joseph Olérys, qui introduisit à Moustiers la décoration poly-
chrome ; des Laugier, des Fouque, des Pelloquin, des Thion, des Nivière, des
Roux, des Thomas, des Chaudon, des Chais, des Jaulfret, des Ferrât, des Berbé-
gier, des Berge, des Féraud, etc., qui tous, avec plus ou moins d'habileté et de
bonheur, ont contribué à propager la renommée des faïences de leur pays. 11
faut lire l’ouvrage de M. l’abbé Requin pour voir avec quelle précision les docu-
ments d’archives ont permis de suivre leurs travaux.

Dans ce tome Ier (car nous n’avons ici qu’un premier volume), M. l’abbé
 
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