390
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
tôt ou tard le peintre à la mode; il le devient, en effet, très rapide-
ment. A partir de cette année 1757, ses portrails sont en grande
laveur auprès du public.
Délivré de toute inquiétude sur son avenir artistique, le jeune
homme songea à prendre femme; pour tout dire, je crois bien que
son choix était fait depuis longtemps. Les Drouais avaient noué des
relations d’amitié avec une famille du voisinage, les Doré, demeu-
rant rue des Moulins. Cette famille avait une certaine renommée
dans les parages de la Butte Saint-Roch. Le père, Pierre Doré,
maître en serrurerie d’art, avait été un des notables artisans de ce
quartier; il était mort au mois d’avril 1751; sa veuve, Françoise
Brèche de la Bonté mourut le 2 juillet 1758. Ils laissaient trois fils,
Louis, Germain et Pierre, et trois tilles, Anne-Françoise, Marie-
Jeanne, âgée de vingt-deux ans, et Marie, âgée seulement de douze
ans, en 1758*. Germain continua la serrurerie d’art de son père,
avec plus de talent que lui encore ; Louis fit de la sculpture. Les
deux frères étaient de véritables artistes2.
Elisabeth de Soubise, fille aînée du maréchal, en 1737. Ees deux Vendangeurs, un
jeune garçon d’une douzaine d’années tendant une grappe de raisin à une jeune
fille assise, un peu plus âgée, sont H. Louis-Marie de Rohan, prince de Guémé-
née, le même qui fit plus tard la faillite de 33 millions, et sa cousine et fiancée,
ayant deux ans de plus que lui, Victoire-Armande-Josèphe, autre fille du maré-
chal de Soubise; on les maria en 1701.
1. Inventaire des époux Doré, du 8 juillet 1738. (Archives de l’étude de MeFleury
notaire, rue du Faubourg Saint-Honoré).
2. Germain avait transporté, pour l’agrandir, l’atelier de son père dans la rue
de l’Évêque. A l’époque du mariage de sa sœur, il travaillait à la ferronnerie
d’art de l’église Saint-Roch. On sait que de 1733 à 1760, sous l’influence du curé
Manduel, furent entrepris de grands travaux qui transformèrent complètement
l’intérieur de Saint-Roch et en firent une église à la mode. Germain Doré fut
chargé de la ferronnerie. 11 exécuta la rampe de l’escalier de la chaire et la
grille qui fermait le chœur. « Cette rampe, où l’acier bruni était heureusement
marié au bronze doré, se composait de rinceaux en S fleuronnés, habilement
agencés et d’un fini merveilleux. » Elle a été remplacée depuis. De Machy avait
fait un dessin de l’intérieur de Saint-Roch ainsi transformé, où cette rampe se
voyait au premier plan ; ce dessin a fait partie autrefois de la collection Bon-
nardot. — Pour le chœur, Doré remplaça la grille haute qui le fermait par une
grille plus basse, plus belle encore que la rampe et la chaire. « Celte grille, à
hauteur d’appui, était formée de panneaux en fer poli, encadrant de grandes
plantes en enroulement de cuivre ciselé, chargées de feuillage, de fleurs et de
fruits, le panneau principal était un médaillon eu fer poli, avec un chiffre de
cuivre attaché par une guirlande de ruban à une guirlande de lauriers. » Cette
grille a aussi été remplacée. (Voir à,ce sujet une lettre de décembre 1760 dans
le Mercure de France, VAlmanach Parisien, et un article de Jules Cousin dans la
Revue universelle clés Arts, t. IX, p. 130).
Louis Doré, le sculpteur, travaillait pour la ville. Il fit en 1759 les sculptures
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
tôt ou tard le peintre à la mode; il le devient, en effet, très rapide-
ment. A partir de cette année 1757, ses portrails sont en grande
laveur auprès du public.
Délivré de toute inquiétude sur son avenir artistique, le jeune
homme songea à prendre femme; pour tout dire, je crois bien que
son choix était fait depuis longtemps. Les Drouais avaient noué des
relations d’amitié avec une famille du voisinage, les Doré, demeu-
rant rue des Moulins. Cette famille avait une certaine renommée
dans les parages de la Butte Saint-Roch. Le père, Pierre Doré,
maître en serrurerie d’art, avait été un des notables artisans de ce
quartier; il était mort au mois d’avril 1751; sa veuve, Françoise
Brèche de la Bonté mourut le 2 juillet 1758. Ils laissaient trois fils,
Louis, Germain et Pierre, et trois tilles, Anne-Françoise, Marie-
Jeanne, âgée de vingt-deux ans, et Marie, âgée seulement de douze
ans, en 1758*. Germain continua la serrurerie d’art de son père,
avec plus de talent que lui encore ; Louis fit de la sculpture. Les
deux frères étaient de véritables artistes2.
Elisabeth de Soubise, fille aînée du maréchal, en 1737. Ees deux Vendangeurs, un
jeune garçon d’une douzaine d’années tendant une grappe de raisin à une jeune
fille assise, un peu plus âgée, sont H. Louis-Marie de Rohan, prince de Guémé-
née, le même qui fit plus tard la faillite de 33 millions, et sa cousine et fiancée,
ayant deux ans de plus que lui, Victoire-Armande-Josèphe, autre fille du maré-
chal de Soubise; on les maria en 1701.
1. Inventaire des époux Doré, du 8 juillet 1738. (Archives de l’étude de MeFleury
notaire, rue du Faubourg Saint-Honoré).
2. Germain avait transporté, pour l’agrandir, l’atelier de son père dans la rue
de l’Évêque. A l’époque du mariage de sa sœur, il travaillait à la ferronnerie
d’art de l’église Saint-Roch. On sait que de 1733 à 1760, sous l’influence du curé
Manduel, furent entrepris de grands travaux qui transformèrent complètement
l’intérieur de Saint-Roch et en firent une église à la mode. Germain Doré fut
chargé de la ferronnerie. 11 exécuta la rampe de l’escalier de la chaire et la
grille qui fermait le chœur. « Cette rampe, où l’acier bruni était heureusement
marié au bronze doré, se composait de rinceaux en S fleuronnés, habilement
agencés et d’un fini merveilleux. » Elle a été remplacée depuis. De Machy avait
fait un dessin de l’intérieur de Saint-Roch ainsi transformé, où cette rampe se
voyait au premier plan ; ce dessin a fait partie autrefois de la collection Bon-
nardot. — Pour le chœur, Doré remplaça la grille haute qui le fermait par une
grille plus basse, plus belle encore que la rampe et la chaire. « Celte grille, à
hauteur d’appui, était formée de panneaux en fer poli, encadrant de grandes
plantes en enroulement de cuivre ciselé, chargées de feuillage, de fleurs et de
fruits, le panneau principal était un médaillon eu fer poli, avec un chiffre de
cuivre attaché par une guirlande de ruban à une guirlande de lauriers. » Cette
grille a aussi été remplacée. (Voir à,ce sujet une lettre de décembre 1760 dans
le Mercure de France, VAlmanach Parisien, et un article de Jules Cousin dans la
Revue universelle clés Arts, t. IX, p. 130).
Louis Doré, le sculpteur, travaillait pour la ville. Il fit en 1759 les sculptures