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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 34.1905

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Nr. 5
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Roche, Denis: L' exposition des portraits du XVIIIe et du XIXe siècle à Saint-Pétersbourg: correspondance de Russie
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https://doi.org/10.11588/diglit.24816#0470

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424

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

Au xixc siècle, Ieâ Russes n’out pas eu, sauf sur la fin, des portraitistesd’autant
de prestige que Lévitski ou que Borovikovski. Les élèves de ces peintres, Iviprénski,
Varnek, Tropinine, ne font —un critique russe l’a dit excellemment du second —
que des portraits « modestes », « donnant par de petits moyens [plus larges chez
Kiprénski] l’intime des personnages qu’ils représentent ». Brullov est, au total,
assez superficiel. On finit par le préférer dans ses dessins, qui parlent du temps
où Ingres donnait le ton. A cette époque, du reste, sous un enseignement tout
académique, les artistes russes dessinent convenablement. Le monogramme de
Kiprénski se trouve sur de bonnes feuilles, et il y eut plus tard des aquarelles du
prince Gagarine et de Pierre Sokolov que l’on regarde avec agrément. Les petits
portraits, aussi bien, ne perdent pas leur intérêt devant les grands. Ils sont expres-
sifs dans l’effort hésitant de Fédotov, dans les pastels du Berlinois Bardou, ou
sous les crayons noirs de Mollinari.

Des étrangers, on le voit, suppléèrent, comme au siècle précédent, au trop
petit nombre des artistes russes ou à ce qu’il y avait de timide dans leur procédé.
Les deux principaux courants vinrent de France et d’Angleterre.

L’art de Jean-Laurent Mosnier, un de nos compatriotes trop négligé de nous1
celui de Gérard, de Régnault, de Robert Lefèvre, de Riesener, de Steuben, par-
vinrent à éclipser sans trop de peine les manières moins individuelles ou vieil-
lies de Grassi, de Camuccini, de Quadal, de Kuehnel, de Kugelgen, de Khiel ou
de Riss. Les toiles anglaises ont pour origine l’ambassade à Londres du comte
Siméon Vorontsov et son mariage avec la fille de lord Pembroke. On voyait par
là à l'exposition de bons portraits de Raeburn et de Lawrence, et le portrait
d’une comtesse Samoïlov par un peintre inconnu, ressemblant à Hoppner, qui
était bien la meilleure chose peinte qui nous fut montrée. Les amateurs de pein-
ture anglaise pouvaient trouver la satisfaction de leur goût jusque dans les
œuvres de Georg Dawe, Royal Artist au faire un peu brutal, qui fatigua son
talentà retracer presqu’à l'infini les traits des généraux de 1812.

Abstenons-nous d’entrer dans la dispute des critiques russes durant l’expo-
sition, pour savoir si les portraitistes de 1860 défaillirent dans la représentation
de leurs plus célèbres contemporains. Sans parler de leur technique, nous cons-
taterons simplement qu’ils n’atteignirent pas à l’élégance de Winterhalter, dont
l’exposition réunissait vingt-quatre portraits. Et, pour le surplus, nous nous réjoui-
rons de ce qu’il y ait actuellement àPétersbourg ou à Moscou des artistes comme
Répine etSérov, sous les pinceaux desquels il semble y avoir toute sécurité pour
les efligies de leur compatriotes 2.

DENIS ROCHE

1. On ne peut te connaître qu’insuffisamment par sa toile du Louvre : le portrait
pour ainsi dire scolaire de Lagrenée l’ainé. Mosnier prit en Angleterre, avant d’aller en
Russie, le complément de savoir qu’avaient les membres de l’ancienne Académie.

2. Nos remerciements doivent aller, en terminant ces lignes, à S. A. le grand-duc
Nicolas Mikhaïlovitch, qui nous facilita notre tâslie à Saint-Pétersbourg, et à M. Serge
Diaguilev, l’actif organisateur de l’Exposition, qui nous communiqua avec bonne grâce
telles photographies que nous ne pouvions pas avoir autrement.
 
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