Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 39.1908

DOI Heft:
Nr. 2
DOI Artikel:
Gayet, Albert: Les portraits d'Antinoe͏̈
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.24866#0146

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
134

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

est d’autant plus vraisemblable qu’elle explique la confusion des
symboles chrétiens et païens. Elle dit l’incertitude de l’ère des
persécutions, de même qu’au fond des catacombes. La foi du défunt
n’est intelligible qu’à ses frères en religion. Rien ne différencierait
sa sépulture de celles des païens, n’étaient les attributs ou les gestes
mystiques dont la signification était tellement inconnue des ido-
lâtres qu’ils pouvaient impunément s’étaler à leurs yeux.

Le dernier procédé employé, la peinture à la cire, est de tous le
plus artistique. L’esthétique est la même, et l’idée religieuse se tra-
duit identique à celle exprimée dans le cas précédent. Le corps est
lacé dans des bandelettes passées par-dessus des linceuls qui lui don-
nent l’aspect momiforme. Seul, le visage est plané, et sur les linges,
disposés à cet effet, une planchette de cèdre, donnant le portrait, se
pose, maintenue en place par des liens. Plusieurs de ces tableaux
ont été retrouvés; celui d’un jeune garçon était, entre autres, parti-
culièrement remarquable. La maîtrise de la main, maniant une
matière aussi ingrate que l’encaustique, avec une ampleur sobre,
s’annonçait comme l’indice d’un enseignement en possession de
traditions. Ce portrait d’enfant dénotait une entente des jeux de
lumière qui se traduisait par une véritable impression de vie. Les
yeux bleu clair ont une limpidité parfaite et la fraîcheur de l’épi-
derme est notée sincèrement. Un croquis, jeté au revers de la plan-
chette, dit l’observation chez l’artiste. On y sent l’entente des
masses, l’habileté à noter la ligne caractéristique d’un visage, la
puissante aptitude, qui, d’ailleurs, venait d’être pendant quantité de
siècles celle de l’artiste égyptien, à silhouetter sobrement les
figures, tout en leur gardant une originalité d’allure que le détail
ne ferait qu’amoindrir.

ALBERT GAYET
 
Annotationen