Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 39.1908)

NICOLAS ROEHRICH

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niers achats de M. Trétiakov, le collectionneur inspiré qui avait
voué tout d’un coup sa galerie aux œuvres de ses compatriotes. IL
n’est pas indifférent de noter qu’une œuvre précédente, la première
étude que le peintre ait exposée, s’appelait Un Varègne. Dès le
second tableau, Réunion d'anciens, M. Rœhrich commença à entrer
dans sa voie propre. Ses « anciens », assemblés autour d’une idole
de bois, avaient une allure bien plus typique déjà, « historique »
et antique que les vieillards qu’il avait montrés récemment. Dans
leur groupement adroit, leur piété et leur recueillement profonds, et
jusque dans la peinture un peu rugueuse, ils constituaient une œuvre

« ON CONSTRUIT UNE VILLE », PAR M. NICOLAS RŒHRICH
(Galerie Trétiakov, Moscou-)

remarquable, annonçant dans l’école une venue importante. Cette
Réunion d'anciens n’était cependant, en somme, que la première tra-
duction d’une idée que l'artiste devait souvent reprendre, comme il
a repris toutes ses idées qui évidemment le hantent et forment en
lui un tout harmonieux. Elle devait trouver sa forme la plus claire
dans un tableau qui eut deux variantes : Les Idoles. Dans un cercle
de pieux plantés en terre et auxquels sont accrochés des crânes de
chevaux, un Slave, appesanti par les ans, vêtu de lin, s’incline
devant de hautes idoles équarries dans des troncs d’arbres. La
scène est d’un pénétrant mystère, tout imprévue et difficile à
oublier. L’homme est en belle valeur au centre du sanctuaire.
Devant lui s’étend une mer d’un violet rude, enserrée par des
croupes de montagnes pareilles à celles qui surplombent les fjords
de Norvège. La dominante du tableau est gros bleu, violet et rouge