NICOLAS ROEHRICH
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coloriée de rouge et de bleu, dormant au matin sur sa berge
sableuse. Fréquemment d’anciennes villes en rondins superposés
renaissent sous son pinceau.
Un autre thème — une autre fraction du même thème — qui
constamment occupa l’artiste, fut partiellement dénommé par lui
Le Nord ou Vie primitive, et ce pourrait être le titre de tout son
œuvre. Sur fond de neiges, il aligne en belles frises des suites de
rennes aux énormes bois blancs ou des silhouettes lourdes d’hommes
revêtus de fourrures, les jambes enfouies dans d’informes bottes de
feutre. Les hommes pêchent, faisant un trou dans la glace, glissent
VIE PRIMITIVE, PAR M. NICOLAS RŒHRICH
(Appartient au Prince Chtcherbatov*
sur des skis, tirent des flèches; accroupis derrière les grosses pierres
d’un bois de bouleaux, ils visent une proie. Cette série est de
tonalités très claires; M. Rœhrich, mécontent de ses premières cou-
leurs, qui s’alourdissant n’ont pas gardé les nuances qu’il avait vou-
lues, est venu peu à peu, malgré la profondeur de tons qu’il chérit,
à peu aimer les couleurs à l’huile : il recourt très souvent pour ses
tableaux de chevalet au pastel, à l’aquarelle gouachée, à la détrempe,
toujours impatient de venir à la fresque, qui a toutes ses prédilections.
Je n’ai pas marqué suffisamment jusqu’ici tout ce que M. Rœh-
rich fait entrer de conviction, de puissante sobriété et de très savante
archéologie dans ses œuvres consacrées à la vie du Nord. Tout
détail qu’il note est de la vérité la plus haute et immédiatement
persuasive. Ce sentiment, sans doute unique, qu’il a de la « vie primi-
tive », l’artiste l’a obtenu par un maniement perpétuel d’objets pré-
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coloriée de rouge et de bleu, dormant au matin sur sa berge
sableuse. Fréquemment d’anciennes villes en rondins superposés
renaissent sous son pinceau.
Un autre thème — une autre fraction du même thème — qui
constamment occupa l’artiste, fut partiellement dénommé par lui
Le Nord ou Vie primitive, et ce pourrait être le titre de tout son
œuvre. Sur fond de neiges, il aligne en belles frises des suites de
rennes aux énormes bois blancs ou des silhouettes lourdes d’hommes
revêtus de fourrures, les jambes enfouies dans d’informes bottes de
feutre. Les hommes pêchent, faisant un trou dans la glace, glissent
VIE PRIMITIVE, PAR M. NICOLAS RŒHRICH
(Appartient au Prince Chtcherbatov*
sur des skis, tirent des flèches; accroupis derrière les grosses pierres
d’un bois de bouleaux, ils visent une proie. Cette série est de
tonalités très claires; M. Rœhrich, mécontent de ses premières cou-
leurs, qui s’alourdissant n’ont pas gardé les nuances qu’il avait vou-
lues, est venu peu à peu, malgré la profondeur de tons qu’il chérit,
à peu aimer les couleurs à l’huile : il recourt très souvent pour ses
tableaux de chevalet au pastel, à l’aquarelle gouachée, à la détrempe,
toujours impatient de venir à la fresque, qui a toutes ses prédilections.
Je n’ai pas marqué suffisamment jusqu’ici tout ce que M. Rœh-
rich fait entrer de conviction, de puissante sobriété et de très savante
archéologie dans ses œuvres consacrées à la vie du Nord. Tout
détail qu’il note est de la vérité la plus haute et immédiatement
persuasive. Ce sentiment, sans doute unique, qu’il a de la « vie primi-
tive », l’artiste l’a obtenu par un maniement perpétuel d’objets pré-